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عهد تُدمير

Auteur

Al-Ḍabbī Aḥmad. b. Yaḥyā

Titre en français

Traité de Théodomir (Tudmīr)

Titre descriptif

Traité de paix passé entre le gouverneur d'al-Andalus ʿAbd al-ʿAzīz b. Mūsā b. Nuṣayr et le seigneur wisigoth Théodomir vers 713

Type de texte

Traité de paix

Texte

كتاب من عبد العزيز بن موسى بن نصير لتُدمير بن غبدوش. أنه نزل على الصلح، و أن له عهد الله و ذِمّته و ذِمّة نبيه، صلى الله عليه وسلم، ألا يُقدم له، ولا لأحد من أصحابه، ولا يُؤخر، ولا يُنزع عن ملكه، و أنهم لا يُقتلون، ولا يُسبون، ولا يُفرق بينهم وبين أولادهم ولا نسائهم، ولا يُكرهون على دينهم، ولا تُحرق كنائسهم، ولا يُنزع عن ملكه ما تعبد ونصح، و أدى الذي اشترطنا عليه، وأنه صالح على سبع مدائن : أوريوالة و بلنتلة، و لقنت، و ميوله، و بقسره و أية، و لُورقة. و أنه لا يُؤدي لنا إبقاء، ولا يُؤوي لنا عدوًا، ولا يخيف لنا آمنًا، ولا يكتم خبر عدو عَلمَله، و أن عليه وعلى أصحابه دينارا كل سنة، وأربعة أمداد شعير، وأربعة أقساط طلاء، و أربعة أقساط خَل، و قسطي عسل، وقسطي زيت، وعلى العبد نصف ذلك. شهد على ذلك عثمان بن أبي عبدة القرشي، و حبيب بن أبي عبيدة بن ميسرة الفهمي، وأبو قائم الهذلي و كُتب في رجب سنة أربع وتسعين من الهجرة.

Langue

Arabe

Source du texte original

Ḍabbī, Bughyat al-multamis fī tārīkh riğāl ahl al-andalus, Ib. al-Abyārī, ed. (Le Caire, 1989), 340-341.

Datation

  • 13ème siècle
  • Précisions : La source dans laquelle ce traité est mentionné, à savoir Bughyat al-multamis d’al-Ḍabbī (m. 599/1203), n’est pas contemporaine de la conquête d’al-Andalus.

Aire géographique

  • Al-Andalus
  • Ce traité mentionne les villes de Orihuela, Valentila, Alicante, Mula, Bigastro, Eyyo et Lorca.

Traduction française

Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Etabli par ʿAbd al-ʿAzīz Ibn Mūsā Ibn Nuṣayr à l’adresse de Théodomir (Tudmīr) Ibn Ghabdūsh. Il est attendu que celui-ci accepte de capituler et s’y résigne, accepte la clientèle et le patronage d’Allah ainsi que la clientèle de son Prophète – qu’Allah lui soit faste et propice ! - à la condition que l’on n’imposera aucune domination sur lui-même et sur les siens ; qu’il ne pourra être dépossédé de sa seigneurie ; que ceux-ci ne pourront être mis à mort, ni faits prisonniers ni séparés les uns des autres pas plus que les enfants de leur mère, ni violentés dans leur foi religieuse et que leurs églises ne pourront être brûlées ; qu’il ne pourra être dépouillé de sa seigneurie tant qu’il sera fidèle et sincère et qu’il se tiendra à ce qui a été stipulé ; que sa capitulation s’étend à sept villes qui sont : Orihuela, Valentila, Alicante, Mula, Bigastro, Eyyo et Lorca ; qu’il ne donnera asile ni aux déserteurs ni aux ennemis ; qu’il ne cherchera pas à terroriser ceux qui vivent sous notre protection ni ne dissimulera les nouvelles, concernant nos ennemis, qu’il pourrait connaître. Que lui et les siens paieront chaque année un dinar et quatre mesures de blé, quatre d'orge, quatre cruches de moût cuit, quatre de vinaigre, deux de miel et deux d’huile ; mais que le serf ne paiera que la moitié. Signé par les quatre témoins suivants : ʿUthmān Ibn Abī ʿAbda al-Qurayshī, Ḥabīb Ibn Abī ʿUbayda al-Fihrī, ʿAbd Allāh Ibn Maysara al-Fahmī et Abū 1-Qāẓim al-Hudhaylī. Rédigé le quatrième jour de radjab, de l'année 94 (5 avril 713).

Source traduction française

A-M Eddé et al., eds., Communautés chrétiennes en pays d'islam du début du VIIe siècle au milieu du XIe siècle (Paris, 1997), 187-88.

Résumé et contexte

Premier acte officiel conservé de l’histoire d’al-Andalus, ce traité fut passé entre ʿAbd al-ʿAzīz Ibn Mūsā, deuxième gouverneur de la Péninsule entre 714 et 716 et le seigneur wisigoth Théodomir (Tudmīr en arabe), de la région de Murcie. Les termes de l’accord reflètent la tradition des conquêtes arabes, par traités, laissant aux populations conquises une certaine autonomie, ici assez large. Ce type d’accord, également passé avec les seigneurs de la région de Santarém et Coimbra, eut des conséquences durables pour les populations mozarabes et leurs clauses ne furent remises en cause qu’à partir du IXe siècle.

Signification historique

En al-Andalus comme en Orient (Syrie, Palestine, Égypte, etc.) les chefs des armées musulmanes offraient aux habitants des villes chrétiennes qui acceptaient de se rendre sans combat des garanties incluant la sécurité pour les personnes et les biens, la sauvegarde des églises et le droit d’exercer librement leur culte. Dans le présent traité, le seigneur wisigoth Théodomir obtient davantage de garanties pour lui et les siens puisqu’il conserve sa seigneurie. En contrepartie, il devait s’abstenir de combattre les musulmans ou de porter son aide à leurs ennemis. Une taxe annuelle payable en argent et en nature est également exigée des habitants des villes concernées par l’accord, villes dont les noms sont expressément mentionnés. Les quantités des denrées à verser au titre de cette taxe sont, elles aussi, précisées. Enfin, il est stipulé que l’impôt payable par l’esclave équivaut à la moitié de celui que verse l’homme de condition libre. Tous ces détails sont autant de renseignements sur le traitement réservé aux populations chrétiennes au début de la conquête musulmane de l’Espagne.

Etudes

  • A-M Eddé et al., eds., Communautés chrétiennes en pays d'islam du début du VIIe siècle au milieu du XIe siècle (Paris, 1997), 187-88.
  • E. Colbert, The Martyrs of Cordoba [850-859] : A Study of Their Sources (Washington, 1962), 25-26.
  • R. Collins, The Arab Conquest of Spain 710-797 (Cambridge, 1989), 38-44.
  • O. R. Constable, ed., Medieval Iberia. Readings from Christian, Muslim, and Jewish sources (Philadelphia, 1997), 37-38.
  • A. Howell, "Some Notes on Early Treaties between Muslims and the Visigothic Rulers of Al-Andalus," in Andalusia Medieval (Actas del quinto Congreso de Historia de Andalusia, 1976).
  • E. Lévi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane (710-912) (Paris, 1999), I, 30-33.

Mots-clés

capitation ; chrétiens ; conquête ; pacte ; Théodomir ; ğizya

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°70968, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait70968/.

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