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لباس أهل الذمة[2]

Auteur

Abū Yūsuf Yaʿqūb

Titre en français

Des vêtements des dhimmīs

Titre descriptif

Les signes distinctifs des dhimmīs sous ʿUmar II

Type de texte

Lettre

Texte

وحدثني عبد الرحمن بن ثابت بن ثوبان عن أبيه ان عمر بن عبد العزيز كتب إِلَى عامل له : أما بعد ، فلا تدعن صليبا ظاهرا إلا كسر ومحق، ولا يركبن يهودي ولا نصراني على سرج، وليركب على إكاف، ولا تركبن امرأة من نسائهم على رحالة وليكن ركوبها على إكاف. و تقدم في ذلك تقدما بليغا، وامنع من قبلك فلا يلبس نصراني قباء ولا ثوب خز ولا عصب وقد ذكر لي أن كثيرا ممن قبلك من النصارى قدر راجعوا لبس العمائم وتركوا المناطق على أوساطهم واتخذوا الجمام والوفر وتركوا التقصيص، ولعمري لئن كان يصنع ذلك فيما قبلك، إن ذلك بك لضعف وعجز ومصانعة، وانهم حين يراجعون ذلك ليعلموا ما أنت، فانظر كل شيء نهيت عنه فاحسم عنه من فعله والسلام.

Langue

Arabe

Source du texte original

Abū Yūsuf, Kitāb al-kharāğ (Beyrouth, 1979), 122.

Datation

  • Entre 786 et 798

Traduction française

Je tiens de ʿAbd al-Raḥmān b. Thābīt b. Thawbān, parlant d'après son père, que ʿUmar b. ʿAbd al-ʿAzīz écrivit à l'un de ses gouverneurs : « Après les préliminaires ; ne laisse exhiber aucune croix sans la briser et la détruire ; qu'aucun juif ou chrétien ne fasse usage de la selle, mais emploie le bât, et qu'aucune femme de leur religion n'emploie la selle rembourrée, mais seulement le bât ; édicte à ce propos des prohibitions formelles et empêche ton entourage de les violer. Que nul chrétien n'emploie comme vêtement ni qabā’ 1 ni étoffe de filoselle ni turban ! On m'a dit en effet que de nombreux chrétiens dépendant de toi sont revenus à l'usage des turbans ; cessent de porter des ceintures à la taille, et laissent pousser librement leurs cheveux sans plus les couper. Par ma vie ! si cela s'est fait dans ton entourage, cela est dû à ta faiblesse, à ton impuissance, aux flatteries que tu as écoutées, et ces gens savent, en reprenant leurs anciennes coutumes, ce que tu es. Surveille tout ce que j'ai prohibé et empêche d'y contrevenir ceux qui l'ont fait. Salut ».

1 . Une sorte de manteau à manches, près du corps, atteignant généralement le milieu du mollet, fendu sur le devant et conçu pour se chevaucher sur la poitrine; voir M. M. Ahsan, Social Life Under the Abbasids (London, 1979), 41.

Source traduction française

Abū Yūsuf Yaʿqūb, Le livre de l’impôt foncier (Kitāb al-kharāğ), E. Fagnan, trad. (Paris, 1921), 196.

Résumé et contexte

Dans cette lettre adressée à l’un des gouverneurs de provinces, ʿUmar II (717-720) ordonne l’application stricte des mesures prises à l’égard des non-Musulmans, reprochant à son subordonné ses négligences et son manque d’autorité dans ce domaine. Les règles qu’il rappelle concernent notamment les vêtements et les montures. Les dhimmīs, profitant du laxisme du gouverneur, se seraient affranchi publiquement des restrictions qui leur étaient imposées par l’administration. Ils se seraient ainsi laissé pousser les cheveux, alors qu’ils devaient les couper. Ils auraient également contrevenu aux interdictions de porter le turban, d’utiliser les selles et d'apparaître en public sans la ceinture réglementaire (zunnār).

Signification historique

ʿUmar b. ʿAbd al-ʿAzīz (717-720) est l’un des califes qui ont marqué l’histoire de la dynastie omeyyade (661-750). Les sources arabes le présentent comme un réformateur, ayant mené une politique puritaine s’inscrivant dans la ligne des quatre premiers califes nommés "les califes bien-guidés". Malgré son court règne, il fut à l’origine de nombreuses décisions destinées à moraliser la gouvernance de l’empire et à renforcer le contrôle de l’administration provinciale par le pouvoir central. Ces réformes concernaient également les populations non-Musulmanes dont la situation différait sensiblement d’une province à l’autre. On sait en effet que ʿUmar II prônait l’application rigoureuse et généralisée des restrictions stipulés dans les pactes de protection et que certaines lois relatives à la dhimma furent édictées par lui. C’est ainsi qu’il ordonna à ses représentants dans les provinces de faire observer les règles vestimentaires, y compris celles imposant aux sujet non-musulmans le port de signes distinctifs. On lui attribue également divers décrets visant à interdire aux dhimmīs d’occuper des fonctions officielles au sien de l’administration. Cependant, l’intransigeance dont il fit preuve permit de lutter, au moins temporairement, contre les abus qui s’étaient développées sous ses prédécesseurs, notamment dans le domaine fiscal. Sous son règne, des mesures furent prises contre la sur-taxation et les expropriations foncières qui frappaient les paysans non-musulmans.

Traductions

  • A. Ben Shemesh, Taxation in Islam I (Leiden, London, 1967), 93.

Etudes

  • M.Ahsan, Social Life Under the Abbasids (London, 1979), 61-63.
  • M.Cohen, Under Crescent and Cross. The Jews in the Middle Age (Princeton, 1994),
  • M.Cohen, Sous le croissant et sous la croix. Les juifs au Moyen Âge (Paris, 2008),151-155.
  • A.Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1986), 56-60.
  • A.Tritton, The Caliphs and their Non-Muslim Subjects: A critical Study of the Covenant of ʿUmar (London, 1930), 115-118
  • A.Tritton, "Islam and the Protected Religions", Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland 2 (1931), 311-338

Mots-clés

bât ; ceinture (nāqūs) ; chrétiens ; Croix ; Juifs/Judaïsme ; qabā’ ; Selle ; Turban ; vêtement

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Jessie   Sherwood  :  traduction

Adam   Bishop  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°30346, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait30346/.

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