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Codex Theodosianus[16.10.13]

Auteur

Theodosius II

Arcadius

Honorius

Titre en français

Code Théodosien

Titre descriptif

Interdiction du paganisme en Orient

Type de texte

Constitution romaine

Texte

Impp. Arcad(ius) et Honor(ius) AA. Rufino P(raefecto) P(raetorio). Statuimus nullum ad fanum uel quodlibet templum habere quempiam licentiam accedendi uel abominanda sacrificia celebrandi quolibet loco uel tempore. Igitur uniuersi, qui a catholicae religionis dogmate deuiare contendunt, ea, quae nuper decreuimus, properent custodire et quae olim constituta sunt uel de haereticis uel de paganis, non audeant praeterire, scituri, quidquid diui genitoris nostri legibus est in ipsos uel supplicii uel dispendii constitutum, nunc acrius exsequendum. Sciant autem moderatores prouinciarum nostrarum et his apparitio obsecundans, primates etiam ciuitatum, defensores nec non et curiales, procuratores possessionum nostrarum, in quibus sine timore dispendii coetus inlicitos haereticos inire conperimus, eo, quod fisco sociari non possunt, quippe ad eius dominium pertinentes, si quid aduersus scita nostra temptatum non fuerit uindicatum atque in uestigio ipso punitum, omnibus se detrimentis et suppliciis subiugandos, quae scitis sunt ueteribus constituta. 1. Speciatim uero hac lege in moderatores austeriora sancimus et decernimus : namque his non custoditis omni industria adque cautela non solum hanc multam, , quae in ipsos constituta est, exerceri, uerum etiam quae in eos praefinita est qui commissi uidentur auctores, nec his tamen remissa, quibus ob contumaciam suam iuste est inrogata. 2. Insuper capitali supplicio iudicamus officia coercenda, quae statuta neglexerint. Dat. VII id. aug. Cons(tantino)p(oli) Olybrio et Probino conss.

Langue

Latin

Source du texte original

Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Datation

  • Date fixe : 07/08/395
  • Précisions : 7.VIII.395 (date de promulgation de la loi) ; 438 (date de promulgation du code).

Aire géographique

Traduction française

Les empereurs Arcadius et Honorius Augustes, à Rufinus, préfet du prétoire. Nous avons décidé que nul n'aura le droit de s'approcher de quelque sanctuaire ou temple que ce soit, ou d'accomplir d'abominables sacrifices en quelque place et en quelque temps que ce soit. Que toute personne, donc, qui tend à s'écarter du dogme de la religion catholique s'efforce d'observer les règles que Nous avons récemment fixées et n'ait pas l'audace de passer outre les décisions prises précédemment à propos des hérétiques ou des païens. Ils doivent savoir que tout ce qui a été décidé contre eux par les lois de notre Divin Père (16.10.11-12 : païens ; 16.5.6-21 : hérétiques), châtiment ou amende, sera désormais encore plus rigoureusement mis à exécution. De plus, les gouverneurs de nos provinces et les appariteurs qui les secondent, les premiers des cités également, les défenseurs, les curiales et les procurateurs de Nos domaines dans lesquels nous apprenons que se tiennent, sans crainte, des assemblées hérétiques illicites sans que nul ne craigne de perdre ses biens, ces domaines ne pouvant être annexés au fisc, puisqu'ils lui appartiennent déjà, toutes ces personnes doivent savoir que si quelque atteinte à Nos décrets n'est pas punie et châtiée immédiatement, ils seront soumis à l'ensemble des peines et des châtiments établis par les anciens décrets. 1. Mais nous décidons et Nous décrétons plus particulièrement par cette loi des peines plus lourdes à l'encontre des gouverneurs : de fait, ceux d'entre eux qui n'auraient pas observé ces décrets avec tout le zèle et toutes les précautions voulues, se verront appliquer non seulement l'amende établie contre eux, mais en plus celle prévue contre les auteurs du délit, sans que, pour autant, elle soit remise à ceux à qui elle a été justement infligée pour leur obstination. 2. En outre, Nous estimons que la peine capitale doit réprimer les bureaux qui auraient négligé ces décisions. Donné le 7 des ides d'août à Constantinople sous le consulat d'Olybrius et de Probinus (7 août 395).

Source traduction française

L. Foschia, Le polythéisme grec dans l'Antiquité tardive : étude des cultes et sanctuaires de Grèce continentale (fin du IIIe-VIIe siècle). Thèse de doctorat inédite soutenue à Paris IV en 2006. À paraître. et Les Lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II, 312-438, Vol. I : Code Théodosien, Livre XVI. Réédition du texte de Th. Mommsen, avec traduction française de Jean Rougé et notes de Roland Delmaire. Sources chrétiennes, 497 (Paris, 2005), 449.

Résumé et contexte

Cette constitution, comme les précédentes (16.10.10-12), interdit globalement de pratiquer le paganisme en Orient. L'interdiction porte sur les deux éléments centraux des pratiques traditionnelles : la célébration des sacrifices et la fréquentation des temples et sanctuaires. Par rapport aux constitutions précédentes, celle-ci apporte un élément nouveau : la primauté de la religion "catholique" (et non plus chrétienne) est proclamée. Ce même texte déclare la guerre aux fonctionnaires chargés d'appliquer les lois qui pourraient manquer de zèle en ne dénonçant pas telle ou telle pratique païenne : les gouverneurs des provinces, leurs assistants, les décurions, défenseurs (fonctionnaires municipaux chargés de protéger les classes sociales les plus modestes des gouverneurs de provinces et des grands propriétaires fonciers), curiales et procurateurs des domaines de l'empereur sont ainsi menacés d'une amende qui comprend à la fois leur amende et celle établit contre les auteurs du délit! Ce n'est pas la seule constitution à faire état des peines encourues par d'éventuels "mauvais" fonctionnaires. On rencontre des avertissements du même type dans 16.10.4 (352), 16.10.10 (391, concerne l'empire d'Occident) et 16.10.11 (province d’Égypte). En 16.10.12.4 (392) et 16.10.13 (395), est évoqué le peu d'empressement des sénats municipaux de l'Ouest et des "defensores ciuitatum". CTh 16.10.19, en 407, blâme les gouverneurs de l'Ouest et en 451, CJ 1.2.7.2 élève à 50 livres d'or l'amende qui sera infligée à tout gouverneur qui n'appliquerait pas la loi contre les pratiques païennes.

*Le mot "moderator" pour désigner le gouverneur de province est employé 15 fois dans le CTh depuis 362 ; il est surtout utilisé au Ve siècle. * "Primates, priores, primarii, principales" désignent les principaux membres de la curie. *Les domaines impériaux sont distincts du fisc aux deux premiers siècles, puis identifiés à eux sous les Sévères (Ulpien, Dig. XLIII, 8, 2, 4) ; au IVe siècle, la "res priuata" de l'empereur est une composante des "res fiscales" (cf. R. Delmaire, Largesses sacrées, 675-678).

Signification historique

Le destinataire, Flavius Rufinus, déjà destinataire de 16.5.23-24, originaire d'Aquitaine, fut maître des offices de Théodose (388-392), consul (392) et préfet du prétoire d'Orient à partir de septembre 392. Accusé de viser le trône, il est tué à Constantinople le 27/11/395 (PLRE I, Rufinus 18). Le terme "paganus" : employé au sens de "païen" depuis 370 (16.2.18) mais ne sera d'usage courant qu'à partir de la fin du IVe siècle. Nous en avons ici le troisième exemple daté dans le code : on se reportera à l'étude de É. Demougeot, "Remarques... paganus", 337-350 et à la bibliographie qui figure dans la rubrique "Études" de cette fiche. Cette loi témoigne du fait que les gouverneurs de provinces et leur administration, de même que les intendants des fiscs impériaux, peuvent difficilement se séparer des pratiques païennes de leurs administrés... qui étaient aussi bien souvent les leurs ! Les obstacles à l'application des lois étaient assez nombreux puisque procureur d'État, force de police, et inspecteurs étaient inconnus dans l'empire, et qu'il devait falloir compter, en plus, avec les achats de charges et de promotions.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Editions

  • Th. Mommsen &P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Traductions

  • L. Foschia, Le polythéisme grec dans l'Antiquité tardive : étude des cultes et sanctuaires de Grèce continentale (fin du IIIe-VIIe siècle). Thèse de doctorat inédite soutenue à Paris IV en 2006. À paraître.
  • Le Code théodosien, Livre XVI, et sa réception au moyen âge, texte latin de l'édition Mommsen et traduction française ; introduction, notes et index par Élisabeth Magnou-Nortier. Sources canoniques, 2 (Paris, 2002), 383.
  • Les Lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II, 312-438, Vol. I : Code Théodosien, Livre XVI. Réédition du texte de Th. Mommsen, avec traduction française de Jean Rougé et notes de Roland Delmaire. Sources chrétiennes, 497 (Paris, 2005), 447-449.

Etudes

  • B. Altaner, « Paganus: Eine bedeutungsgeschichtliche untersuchung », Zeitschrift für Kirchengeschichte 58 (1939), 130-141.
  • A. Arnack, Militia Christi, (Tübingen, 1905).
  • S. Boscherini, "Pagano", Lingua Nostra 17 (1956), 101-107.
  • P. Chuvin, Chronique des derniers païens (Paris, 1990), 70-71.
  • P. Chuvin, "Sur l'origine de l'équation paganus = païen", in L. Mary, M. Sot, éds., Impies et païens entre Antiquité et Moyen Age (Paris, 2002), 7-15.
  • L. De Giovanni, Chiesa e stato nel codice Teodosiano. Alle origini della codificazione in tèma di rapporti chiesa-stato (Naples, 2000), 129.
  • R. Delmaire, Largesses sacrées et 'res priuata' : l''aerarium' impérial et son administration du IVe au VIe siècle (Rome, 1989).
  • É. Demougeot, "Remarques sur l'emploi de paganus", in Studi in onore di Aristido Calderini e Roberto Passerini I (Milan, 1956), 337-350.
  • É. Demougeot, "Paganus, Mithra et Tertullien", Text. und Untersuch. zur Gesch. der altchristlich. Lit. 78 (1961), 354-365.
  • R. M. Errington, "Christian Accounts of the Religious Legislation of Theodosius I", Klio 79 (1997), 423-427.
  • J. Gaudemet, "La condamnation des pratiques païennes en 391", Epektasis. Mélanges patristiques offerts au cardinal Jean Daniélou (Paris, 1972), 597-602.
  • H. Grégoire, P. Orgels, "Paganus. Étude de sémantique et d'histoire", in Mélanges offerts à G. Smets (Bruxelles, 1952), 363-400.
  • H. Grégoire, "Paganus, note additionnelle", Byzantium 22 (1952), 333-335.
  • P. Hadot, Marius Victorinus. Recherches sur sa vie et ses oeuvres (Paris, 1971).
  • A. D. Nock, "Paganus", Classical Folia 31 (1977), 163-169.
  • J. J. O'Donnell, "Paganus", Classical Folia 31 (1977), 163-169.
  • M. Roblin, "Paganisme et rusticité. Un gros problème, une étude des mots", Annales, Économies, Sociétés, Civilisation 8 (1953), 173-183.
  • M. Roblin, "Remarque sur l'emploi de paganus", Bull. de la Soc. Nat. des Antiquaires de France (1950-51), 40 sq.
  • J. Schwartz, "La fin du Serapeum d'Alexandrie", American Studies in Papyrology 1. Essays in honor of C. Bradford Welles (New Haven, 1966), 97-111.
  • J. Zeiller, "Paganus. Sur l'origine de l'acception religieuse du mot", CRAI 84 (1940), 526-543.
  • J. Zeiller, Paganus. Essai de terminologie historique (Fribourg, 1917).

Mots-clés

catholique ; hérétiques ; sacrifice ; temple

Auteur de la notice

Laurence   Foschia

Collaborateurs de la notice

Jessie   Sherwood  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°30330, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait30330/.

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