La réponse à une question posée à Rashi
Conséquences juridiques pour les juifs qui se marièrent et qui furent convertis de force.
תשובת - שאלה לרש"י ז"ל הנני החתום משיב לשואלוני: על דבר קדושי - העלמה שנתקדשה לשנים, ושניהם היו אנוסים לעבור על תורת - משה על ידי גוים, וגם העדים כיוצא בהם היו: רואה אני שהיא צריכה גט שאף ישראל משומד לרצונו שקדש, [קדושיו] קדושין, שנאמר א חטא ישראל, אע"פ שחטא, ישראל הוא. וכ"ש [האנוסים שלבם] (לבם) לשמים והרי אילו מוכיח סופן על תחלתן שחזרו ויצאו משם כשמצאו הצלה. ואפילו ראו יהודים שהנהיגו עצמן בהפקר בעודן בין הגוים ליחשד בעבירות בנות אל נכר, אין עדותן בטלה בכך. דקיימא לן החשוד על העריות כשר לעדות אשה ומודה רב נחמן לעדות אשה שהוא פסול, וה"מ לאפוקה, אבל לעיולה מהימני. [ושלום שלמה בר' יצחק ז"ל].
Teshuvot Rashi (New York, 1943), via Responsa Project of Bar-Ilan University
La réponse à une question posée à Rashi que sa mémoire soit bénie. Moi soussigné je réponds à celui qui me demanda concernant le mariage d'une jeune femme qui fut mariée avec deux hommes et tous les deux furent contraints par la force d'enfreindre les lois de Moïse, et les témoins furent eux aussi convertis par la force. Je vois qu'il lui faut une lettre de répudiation. Puisque même si un juif converti par conviction épousa une femme, son mariage est valable comme il fut dit (le Talmud de Babylone, Sanhedrin 44:1): "Un juif reste un juif même s'il a péché". Cette règle s'applique ainsi aux convertis par la force dont les cœurs s'élèvent vers le ciel (i.e. à ceux qui reviennent à leur état précédent - N.K.). Même si ces juifs étant parmi les gentils se firent soupçonner par négligence d'être mêlés à la transgression avec les filles d'un dieu étranger, leur témoignage ne doit pas être illicite à cause de cela. Nous décidons que celui qui est soupçonné d'avoir enfreint ces lois sera habilité à agir en qualité de témoin (le Talmud de Babylone, Sanhedrin 26b) en matière matrimoniale, (bien que) rabbi Nahman admit qu'une telle personne ne peut pas témoigner en matière matrimoniale (ibid.), et ces mots contredisent son opinion. Mais il faut les croire. Que la paix soit sur toi. Shelomo fils de rabbi Itzhaq que sa mémoire soit bénie.
N.Koryakina
Ce texte porte sur les conséquences juridiques des conversions forcées en ce qui concerne le mariage. Rashi décide que le mariage ainsi que le témoignage de ceux qui attestaient l'exactitude du contrat de mariage sont valables même s’ils se convertissent. L'influence des non-juifs est mentionnée ici comme une raison pour annuler le droit des juifs convertis de témoigner.
Rashi confirme la tradition du Talmud déclarant la validité des contrats de mariage même après la conversion religieuse. Cependant, il insiste sur la dissolution du mariage. En même temps, il changea une tradition talmudique établie par rabbi Nahman concernant la validité des témoignages faits par les convertis en matière matrimoniale. Selon Rashi, les témoignages des personnes qui signèrent un contrat de mariage soient valables bien qu'ils se fussent convertis au christianisme.
conversion au christianisme ; Juifs/Judaïsme ; mariage
Adam Bishop : relecture -corrections
Claire Chauvin : relecture -corrections
Notice n°268596, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait268596/.