Council in Trullo 99:
Interdiction de la coutume arménienne d’offrir de la viande cuite aux prêtres au sein de l’autel, coutume condamnée comme juive.
Καὶ τοῦτο δὲ τῇ Ἀρμενίων χώρᾳ γίνεσθαι μεμαθήκαμεν· ὥς τινες ἕν|δον ἐν τοῖς ἱεροῖς θυσιαστηρίοις μέλη κρεῶν ἕψοντες προσάγουσιν, ἀφαιρέματα τοῖς ἱερεῦσιν ἰουδαϊκῶς ἀπονέμοντες. Ὅθεν τὸ τῆς ἐκκλθσίας φυλάττοντες ἀκηλίδωτον, ὁρίζομεν, μὴ ἐξεῖναί τινι τῶν ἱερέων ἀφωρισμένα κρεῶν μέλη παρὰ τῶν προσαγόντων λαμβάνειν, ἀλλ’ οἷς ἀρεσθῇ ὁ προσάγων, τούτοις ἀρκείσθωσαν, ἔξω τῆς ἐκκλησίας τῆς τοιαύτης γινομένης προσαγωγῆς. Εἰ δέ τις μὴ τοῦτο οὕτω ποιῇ, ἀφοριζέσθω.
Concilium Quinisextum, ed. and trans., H. Ohme, canon 32, pp. 226.
Nous avons appris que le fait suivant aussi a lieu dans le pays des Arméniens : que certaines gens portant des morceaux de viande, les offrent à l'intérieur du sanctuaire, en réservant une partie aux prêtres, a la manière des Juifs. C'est pourquoi voulant sauvegarder la pureté de l'Eglise, nous ordonnons qu'il est interdit à tout prêtre d'accepter des morceaux déterminés de viande de la part de ceux qui les offrent, mais se contenter des morceaux que l'offrant voudra bien leur donner, à condition que l'offrande se fasse hors de l'église, Si quelqu'un n'agit pas de la sorte, qu'il soit excommunié.
http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/droit%20canon/canons6econcileintrullo.htm
Ce canon condamne la pratique arménienne de matal, une offrande de sacrifices d'animaux, que le canon qualifie comme une coutume juive. Curieusement, le canon ne condamne la distribution de la viande, un oubli qui peut refléter l'ignorance byzantine du rite réel. Matal, cependant, a été attribué comme une adaptation de sacrifice païen par Grégoire l'Illuminateur (302-325) dans les sources arméniennes, même si les Arméniens dans leurs prières et leurs défenses du sacrifice fait appel à des précédents de l'Ancien Testament et du début du festin agape chrétienne. La condamnation reflète l'anxiété byzantine continue sur les Juifs et l'habitude de qualifier toute pratique religieuse inconnue comme juive.
Les condamnations byzantines du judaïsme et des pratiques juives étaient devenus plus fréquentes depuis les invasions perses (602-628), même si le statut juridique des Juifs dans l'Empire n'avait pas changé de façon significative depuis les réformes juridiques de Justinien (529-534). Les canons du Concile de Trullo sont marqués par un effort de centralisation et de normaliser tous les aspects de la vie religieuse dans et dehors l'Empire, y compris les canons dirigés contre les Arméniens et les Latins. A la lumière de onze canons et des circonstances historiques du septième siècle, le canon indique que les dirigeants de l'église ont essayé de réglementer la familiarité sociale des laïcs avec les Juifs et à imposer la supériorité religieuse byzantine contre des peuples voisins et les Juifs de l'Empire, de même que le Empire byzantin affronte des défaites militaires par les forces musulmanes.
Arménien ; byzantins ; Juifs/Judaïsme ; sacrifice
Claire Chauvin : relecture -corrections
Notice n°268476, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait268476/.