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היתה לו שפחה נכרית[107]

Auteur

Shelomo ben Yitzḥaq

Titre en français

Il avait une domestique non-juive

Titre descriptif

Statut des domestiques non-juifs par rapport aux lois de Pessah

Type de texte

Responsum

Texte

היתה לו שפחה נכרית שלשה בפסח מצה לצורכה בלא נטילת תרומה ובלא מדידה. ונשאל לר' ואמר חלה בזמן הזה שנוהגין מדרבנן כדי שלא תשתכח תורת חלה מישראל, דמצוה הנוהגת בארץ היא וכל מצוה התלויה בארץ אינה נוהגת אלא בארץ. וחלה הפוטרת בעיסה אינה אלא משום גזירה ואין אנו צריכין להפריש חלה מן העיסה שהיא אוכלת שלא מצינו שגזרו רבנן ליטול חלה מן העיסה שהעבדים והשפחות אוכלין

Langue

Hébreu

Source du texte original

Teshuvot Rashi (New York, 1943), via Responsa Project of Bar-Ilan University

Datation

  • 11-12ème siècle

Aire géographique

Traduction française

Il avait une domestique non-juive qui fit du pain azyme pendant Pessah pour subvenir à ses besoins sans séparer une portion en offrande et sans mesurer [le poids] de la pâte. On demanda au rabbin [concernant ce cas] et il répondit : « Dans la pratique actuelle, une portion de la pâte doit être séparée, selon les rabbins, de peur que les lois concernant la challah soient oubliées par les Israelites. C’est un commandement observé en terre d’Israël, et tout commandement relatif à la terre d’Israël ne s’applique qu’en terre d’Israël. Concernant la portion qu’on sépare de la pâte, cela est pratiquée à cause de l’ordonnance [rabbinique], et nous ne sommes pas obligés de séparer une portion de la pâte qu’elle (i.e. la domestique – N.K.) mange. Nous ne relevâmes aucune preuve que nos maîtres eussent ordonné de séparer une portion de la pâte que les esclaves et les servants seuls mangent.

Source traduction française

N.Koryakina

Résumé et contexte

Ce responsum de Rashi porte sur le règlement concernant le statut des domestiques non-juifs par rapport à des lois de Pessah. Il est important que la servante non-juive mentionnée dans le texte ne fût pas une esclave et elle n’avait donc pas été convertie au judaïsme, comme les esclaves devaient être convertis même au fur et à mesure en se soumettant à des commandements religieux du judaïsme mais sans être considérés comme juifs. Les domestiques libres devaient respecter le mode de vie de leurs maîtres, mais les lois du judaïsme ne s’appliquaient pas à eux. Le texte présente une femme non-juive qui prépare pour elle du pain azyme parce qu’il était interdit à son maître juif de garder le pain levé à la maison pendant les jours de Pessah. Cependant, cette servante ne sépare pas la challah – une portion de la pâte mise à côté en souvenir de la tradition ancienne d’offrir une partie de la pâte aux prêtres du Temple à Jérusalem. Cette obligation de séparer la challah ne concerne que les femmes juives et cette servante non-juive ne devait pas respecter cette loi en préparant la nourriture pour elle-même.

Signification historique

Ce texte est très important parce qu’il montre le changement dans les lois du judaïsme à l’égard des domestiques non-juifs au Moyen Âge. Les juifs du Nord de la France, en général, ne possédaient pas d’esclaves. Ils embauchaient les domestiques non-juifs en payant leurs services. L’appellation utilisée pour ces domestiques restait la même depuis l’époque du Talmud. Cette femme non-juive dont il s’agit est mentionnée comme shifkhah (« esclave femelle »), mais son statut juridique est certainement différent de celui d’une esclave, car elle ne devait pas pratiquer les coutumes juives les plus essentielles, lesquelles étaient obligatoires pour les juifs et les esclaves des juifs. Malgré le terme utilisé pour les esclaves, ce texte permet d’établir une distinction entre eux et les domestiques non-juifs libres et de mieux comprendre les relations entre les juifs et les non-juifs en France à la fin du XIe siècle.

Etudes

  • D. Freidenreich, Foreigners and Their Food. Constructing Otherness in Jewish, Christian, and Islamic Law (Berkeley: University of California Press, 2011), 50-79.
  • C. Hezser, "Passover and social equality : women, slaves and minors in "Bavli Pesahim", A Feminist Commentary on the Babylonian Talmud (2007), 91-107.
  • G. Labovitz, "More slave women, more lewdness : freedom and honor in rabbinic constructions of female sexuality", Journal of Feminist Studies in Religion 28,2 (2012), 69-87.
  • D. Levy Willard, "Sur les serviteurs chrétiens chez les juifs du Moyen Âge dans l’espace franco-rhénan, XIe-XIIIe siècle", Revue des Etudes Juives 168,3-4 (2009), 395-413.
  • E. Taitz, The Jews of Medieval France: The Community of Champagne (Westport: Greenwood Press, 1944), 30-35;

Mots-clés

alimentation ; esclaves ; fête juive ; Juifs/Judaïsme ; serviteurs

Auteur de la notice

Nadezda   Koryakina

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  relecture -corrections

Claire   Chauvin  :  relecture -corrections

Comment citer cette notice

Notice n°254504, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254504/.

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