On demanda au rabbin (Shelomo ben Yitzḥaq) à l’égard des convertis par force
Règlement concernant le vin produit par les juifs convertis par force
שאלו לפני ר' על האנוסין אם יש לפרוש מן יינן, עד שיעמדו בתשובתן ימים רבים ותהיה התשובה שלהם מפורסמת וגלויה ואלו האנוסין שבאו מחדש, אין אנו בקיאין בהן ותשובותן לא ראינו. אם יש עלינו להחמיר ולהפריש מן יינן. והשיב ר': שחלילה לפרוש מן יינן לביישן, כי לא מלאו לבן לנסך אף לע''ז. ולא גזרו רז''ל אלא על מגע גוי, ולא על מגע פושעי ישראל. ובמקומנו אף הגוים אינם מנסכים. וכל שכן אלו שכל מה שעשו משום [אבחת חרב], ומהרו לפרוש בכל יכולתן. ועוד משקבלו עליהן לשוב ליראת צורנו, הרי הן בכשרותן.
Teshuvot Rashi (New York, 1943) via Responsa Project of Bar Ilan University.
On demanda au rabbin (Shelomo ben Yitzḥaq) à l’égard des convertis par force, s’il fallait s’abstenir de leur vin jusqu’à ce qu’ils fassent des œuvres convenables pendant plusieurs jours, et une fois leur repentance connue et évidente. Mais, concernant les convertis qui arrivèrent récemment, nous ne les connaissons pas et nous n’avons pas eu d’attestation de leur repentance. Faut-il que nous les jugions strictement et que nous nous abstenions de boire leur vin? Et le rabbin répondit: Dieu nous préserve de s’abstenir de leur vin en leur faisant honte, car ils ne ressemblent pas à ceux qui font des offrandes aux idoles. Nos maîtres, que leur mémoire soit bénie, n’interdirent que le contact des gentils avec le vin, mais non pas le contact des pécheurs Israélites avec le vin. Dans notre endroit, même les gentils ne font pas de libations aux idoles. D’autant plus ceux qui le firent (i.e. se convertirent) [par force]. Et puis ils se mirent à quitter [la foi chrétienne] de toutes leurs forces. Depuis le temps quand ils assumèrent l’obligation de retourner à la peur de notre Dieu, qu’ils soient considérés comme purifiés.
N.Koryakina
Dans ce texte il s’agit des juifs convertis au christianisme probablement au cours de la première croisade (1096) gagnant leur vie par la production et la vente de vin. Ces convertis chassés de leurs maisons arrivèrent dans un autre endroit, lequel est inconnu. Il semble qu’il ne s’agissait que de quelques familles. La communauté qu’ils joignirent les accueillit mais leur attitude était un peu hostile. Une controverse sur le sujet de vin produit par les convertis poussa les notables de cette communauté inconnue à demander l’avis de rabbi Shelomo.
La réponse de rabbi Shelomo avait une grande importance dans la vie des convertis dont il s’agit dans ce texte, parce que la question sur la possibilité de boire leur vin contient un sens supplémentaire. Au Moyen Âge les chrétiens n’étaient plus considérés comme idolâtres et par ce texte Shelomo ben Yitzḥaq confirme cette opinion. Pour cette raison, l’ancienne interdiction de consommer le vin des non-juifs à cause des libations idolâtriques fut remplacée par l’usage de s’abstenir de leur vin pour prévenir les relations sexuelles entre les juifs et les non-juifs. En permettant aux membres de cette communauté juive de boire le vin des convertis repentis, rabbi Shelomo permit également les mariages avec eux.
conversion forcée ; Juifs/Judaïsme ; Vin
Adam Bishop : relecture -corrections
Claire Chauvin : relecture -corrections
Notice n°254503, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254503/.