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al-Muqaddimāt al-mumahhidāt [Abū al- Walīd Muḥammad b. Aḥmad b. Ibn Rušd, al-Muqaddimāt al-mumahhidāt, éd. M. Haǧǧī, (Beyrouth, 1988), II, p. 159.]

Auteur

Ibn Rušd

Titre en français

Relations commerciales entre musulmans et ḏimmī

Titre descriptif

L’intérêt du commerce avec les non-musulmans

Type de texte

Avis de juriste

Texte

فمعاملة الذمي على كل حال أخف من معاملة المربي؛ لأن المربي، إذا تاب لم يحل له ما أربى فيه ووجب عليه رده إلى صاحبه إن عرفه، والصدقة به عنه إن لم يعرفه

Langue

Arabe

Source du texte original

Abū al- Walīd Muḥammad b. Aḥmad b. Ibn Rušd, al-Muqaddimāt al-mumahhidāt, éd. M. Haǧǧī, (Beyrouth, 1988), II, p. 159.

Datation

  • Entre 1123 et 1126
  • Précisions : XIIe siècle

Aire géographique

Traduction française

Dans tout les cas, faire du négoce avec un ḏimmī demeure sans gravité comparé à celui qui, (parmi les musulmans), se livre à des transactions usuraires, car si ce dernier se repent, il ne lui est pas permis de garder en sa possession les gains issus de l’usure. Il a le devoir de les restituer à son propriétaire s’il en a connaissance, ou de les offrir en aumône en son nom s’il ignore son propriétaire.

Source traduction française

M. Hendaz

Résumé et contexte

Ibn Rušd (m. 1126) rappelle implicitement, dans ce texte, la gravité du recours aux transactions commerciales usuraires (ribā). En effet, les traités de droit musulman signalent avec emphase le caractère prohibé de l’usure mais et, qui plus est, qu’elle constitue un péché majeur (kabîra) et capital (mu’biqa). Sur le plan de la comparaison, Ibn Rušd établit une préférence pour le ḏimmī par rapport au marchand usurier fut-il musulman. Cette inclination en faveur des bénéficiaires de la ḏimma ici doit pourtant être relativisée. À l’évidence, Ibn Rušd emploie le terme aḫaff qui littéralement exprime ce qu’il y a de plus léger. Ce lexème pourrait effectivement suggérer que la relation financière entre musulman et ḏimmī est tolérée mais demeure, quelque part, pas ou peu appréciée. Il est vrai qu’il s’agit là du contexte très particulier de l’usure. Cependant, il est peu probable que notre juriste andalou, d’obédience mâlikite, accorde cette « préférence » aux ḏimmī de façon absolue. Toujours est-il qu’au regard des différentes employées par l’auteur, il apparaît clairement qu’il donne aux musulmans toute latitude à entretenir des relations commerciales avec les Gens du Livre.

Signification historique

Ibn Rušd, certainement le plus grand juriste mālikite de son époque en Occident musulman, occupa de 1117 à 1121 le poste de qāḍī l-jamāʿa (Grand cadi) de Cordoue la plus haute fonction judiciaire d’al-Andalus. Homme influent sous la dynastie almoravide, Ibn Rušd ne se fit pas à l’idée qu’al-Andalus puisse échapper des mains des musulmans. Alphonse Ier d’Aragon (le Batailleur) commençait à gagner du terrain par ses expéditions. Ibn Rušd perçut cela comme une trahison des Mozarabes et se mobilisa, intellectuellement et politiquement, pour renverser Alphonse le Batailleur. Ce dernier sera battu à Anzul le 19 mars 1126. Suite à cela, notre juriste cordouan exprima une fatwa qui dépossédait les Mozarabes de tout leur droit à être protégés en raison de leur trahison. Même si la coexistence avec la minorité chrétienne n’a pas toujours été aisée, Ibn Rušd ne semble pas avoir totalement changé de positions sur les relations de manière générale et plus particulièrement les relations commerciales avec les ḏimmī.

Etudes

  • A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1995), 144-158.
  • J. D. Latham, « Ibn Rus̲h̲d », EI2, XII, p. 398.
  • Vincent Lagardère, Les Almoravides. Le djihâd andalou (1106-1143) (Paris, 1999), p.107.

Mots-clés

commerce ; dhimmī ; usure

Auteur de la notice

Mohamed   Hendaz

Collaborateurs de la notice

David   Peterson  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°254420, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254420/.

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