Fuero de Cuenca
Lieu convenu pour le procés entre chrétiens et juifs
De loco et hora placitorum Placita inter iudeos et catholicos sint ad portam alcaçerie et non sinagoge. Hora placiturum sit dicta missa matutinali in ecclesia episcopali usque ad terciam. Cum tercia pulsauerit includantur placita. Qui ad placitum non uenerit, cadat a causa.
R.Ureña y Smenjaud, Fuero de Cuenca,(Madrid, 1935),622.
Sur le lieu et l’heure du jugement Les jugements entre juifs et chrétiens se doivent se dérouler à la porte de l’alcacería et non à la synagogue. L’heure du jugement sera dictée par la messe du matin à l’église épiscopale jusqu’à tierce. Quand tierce sonnera, le jugement devra être rendu. Celui qui ne se déplacerait pas au jugement perdrait le procès.
Claire Chauvin
La coexistence dans les villes médiévales castillanes provoquaient des litiges entre chrétiens et juifs, il était donc important d’établir la procédure à appliquer, et déterminer l’endroit où e procès mixte aurait lieu. Les juifs avaient obtenu un droit spécial dans les royaumes espagnols, ils étaient protégés comme propriété royale. Ils avaient leur propre section particulière sur la place du marché, l’alcaceria. ils avaient leur propre équivalent du iudex appelé albeldi, et le droit d’élire des alcaldes juifs. Lors d’un litige avec leurs compagnons chrétiens, les "citoyens" juifs possédaient des privilèges spéciaux : aussi bien le iudex que l’albeldi pouvaient être impliqués dans le litige, des témoins juifs aussi bien que chrétiens devaient être présents, les juifs jurant sur la Torah et les chrétiens sur l'evangile ou sur un crucifix. Traditionnellement, les cours juives résolvaient leurs procès internes à la synagogue, expression de l’autonomie réelle de telles communautés aux XIIème et XIIIème siècles au royaume de Castille. Les litiges chrétiens avaient coutume d’être portés à la porte du iudex. Cependant, en cas de procès mixtes entre chrétiens et juifs, le procès devait être résolu devant la porte de l’alcaceria. Cet endroit n’était pas l’endroit habituel pour la cour en Castille, mais cela semble un endroit neutre pour les procès mixtes. Le procès devait être conclu avant neuf heures du matin (tierce).
Les fueros des cités plus grandes comme Cuenca furent appliqués comme normes pour les communautés alentours, délimitant les droits fondamentaux des habitants juifs. La première et principale institution des aljamas juives était la synagogue, c’était le centre névralgique de la communauté, lieu de culte, d'enseignement et de rencontre, c’était le siège du gouvernement où les affaires communales, sociales, religieuses de la communauté étaient administrées, et même la justice et le paiement des taxes.
Dans le cas de procès mixtes, la justice devait s’exercer dans un endroit neutre, habituellement la porte de l'alcaceria, près de la section juive du marché.
Ce Fuero établit un lieu commun pour présenter les affaires dans les procès mixtes qui était appliqué dans l’espace castillan dans tous les Fueros de la famille de celui de Cuenca (Fuero de Baeza, 656) tout au long de XIIIème et XIVème siècles. Certains codes municipaux comme Zorita de los Canes remarquaient que le procès devait avoir lieu selon le Fuero (Fuero de Zorita de los Canes, 600), mais en respectant le samedi.
Procés mixte entre juif et chrétien
Claire Chauvin : traduction
Notice n°254384, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254384/.