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עוד בא מעשה לפני ר[182]

Auteur

Shelomo ben Yitzḥaq

Titre en français

Une affaire fut portée devant le rabbin

Titre descriptif

Agneau de la première portée abbatu par un boucher non-juif

Type de texte

Responsum

Texte

עוד בא מעשה לפני ר' באחד מבני העיר שקנה כבשה שלא בכרה והיתה מעוברת, ומסרה לרועה לרעותה וילדה זכר. לימים נצרך הבעל לכבשים והלך אצל הגוי ונתן לו אותו שה ושחטו. ולא נזכר שהיה בכור, ואח"כ נזכר. ובא ושאל את ר': וא"ל כי נוהג בזמן הזה, והשוחטו כמעט שחייב משום שחוטי - חוץ. וציוה [רבי] על הבשר לקוברו, וכן קרביו וכרעיו ועורו ופרשו. ואמר להם דבר זה עשו אותו בחשאי, כדי שלא יאמרו הגוים כשפין אתם עושין.

Langue

Hébreu

Datation

  • Entre 1040 et 1105
  • 11-12ème siècle

Aire géographique

Traduction française

Une affaire fut portée devant le rabbin [Salomon ben Isaac] concernant l’un des habitants de la ville (la ville est inconnue) qui avait acheté une brebis qui n’était pas de la première portée. [Cette brebis] était enceinte. Cet homme envoya sa brebis à un berger pour la faire paître et elle donna naissance à un agneau. Une fois le propriétaire de l'agneau tomba dans la misère et il alla chez un [boucher] non-juif. Il lui donna cet agneau et ce non-juif l’abattit. Le propriétaire juif ne se souvint pas que cet agneau ait été de la première portée. Il se souvint de cela plus tard. L'homme vint au rabbin et lui posa cette question et lui dit qu’il est d’usage de faire comme ça à nos jours, et il l'avait abattu parce qu’il était presque obligé de le faire à cause de la loi sur les offrandes préparées en dehors du Temple (Lévitique 17 :1-7). Le rabbin lui a ordonné d’enterrer la viande ainsi que la peau et les abats. Il leur [i.e. à la communauté] dit : « Faites-cela en secret pour que les gentils ne disent pas : « Vous pratiquez la sorcellerie »».

Source traduction française

N.Koryakina

Résumé et contexte

Ce texte porte sur un juif nécessiteux qui essaya de contourner la loi concernant la première portée des animaux de certaines espèces domestiques. Selon la Torah (Lévitique 17:1-7), il fut obligé de confier l’agneau à un kohen (un juif qui est considéré comme provenant de la descendance patrilinéaire directe du patriarche Aaron), mais il semble qu’il ne voulait pas le faire. Il ne pouvait pas demander à un boucher juif d’abattre l’agneau pour nourrir sa famille ou, ce qui est plus probable, pour vendre la viande à des non-juifs, et il fit plutôt abattre l’agneau par le truchement d’un boucher non-juif. En le faisant, il viola la loi mentionnée ci-dessus qui interdit l’abattage de certains animaux de la première portée. Il regretta plus tard ce qu’il avait fait et s’adressa au rabbi Salomon ben Isaac (Rashi) pour résoudre ce problème. La viande de l’agneau abattu par un boucher non-juif fut déclarée illicite et le propriétaire de l’agneau fut condamné à enterrer cette viande.

Signification historique

Les lois bibliques concernant les sacrifices des animaux de la première portée continuèrent de s’appliquer au Moyen Âge et elles sont en vigueur aujourd’hui. Ce texte montre comment les juifs en France au deuxième moitié du XIe siècle interprétèrent les lois de la Torah et essayèrent de les adapter à la vie quotidienne. Les arguments utilisés par le propriétaire de l’agneau comme moyen de défense devant le rabbin suggèrent qu’il viola la loi interdisant l’abattage des certains animaux de la première portée ayant le besoin de nourrir sa famille : comme il fut mentionné ci-dessus, il voulait probablement vendre la viande de l’agneau abattu à des non-juifs. Il ne fut pas autorisé à demander à un boucher juif de le faire, parce que en le faisant, le boucher aurait pu être impliqué dans le même délit. Cependant, le propriétaire de l’agneau considéra cela comme une loi différente – celle concernant tout abattage illicite effectué par un juif qui ne fut pas officiellement désigné pour être boucher. Les instructions d’enterrer la viande secrètement données par rabbi Salomon sont liées à la croyance populaire selon laquelle les juifs étaient considérés comme magiciens au Moyen Âge; toute action rituelle qui pouvait être mal interprétée comme la sorcellerie devait être effectuée dans la clandestinité.

Etudes

  • I. Rafael, "Halakhot shehitah ve-terifut le-rabbi Abraham ha-Yarchi", Sefer ha-yovel le-rabi Ḥanokh Albeḳ mugash ʻal yede talmidav yedidav ve-mokirav li-melot lo shivʻim shanah, (Jerusalem, 1963), 443-464.
  • J.Trachtenberg, Jewish Magic and Superstition, (New York, 1939), 11 – 23.
  • C. Werman, "The rules of consuming and covering the blood in priestly and rabbinic law", Revue de Qumran 16,4 (1995) 621-636.

Mots-clés

; abattage ; Juifs/Judaïsme

Auteur de la notice

Nadezda   Koryakina

Collaborateurs de la notice

Claire   Chauvin  :  relecture

Anna   MATHESON  :  relecture

Comment citer cette notice

Notice n°254289, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254289/.

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