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صيام المرأة النصرانية

Auteur

Abī Zayd al-Qayrawānī

Titre en français

Le jeûne de l'épouse chrétienne

Titre descriptif

Le droit de la femme chrétienne d’un musulman de jeûner selon sa croyance

Type de texte

Avis de juriste

Texte

من العتبية قال أصبغ، عن ابن القاسم: ولا يكره المسلم زوجته النصرانية على الفطر في صومها الذى هو من دينها وشريعتها، ولا على أكل ما يجتنبون في صوم أو غيره.

Langue

Arabe

Source du texte original

Abī Zayd al-Qayrawānī, Al-Nawādir wa-al-ziyādāt ‘alā al-Mudawwana min ghayrihā min al-ummahāt, ‘Abd al-Fattāḥ M. Ḥulw, ed. ( Beyrouth, 1999), vol. 2, 73.

Datation

  • 10ème siècle

Traduction française

Dans al-ʿUtbiya, Aṣbagh a rapporté ceci d’Ibn al-Qāsim : « Il n’est pas permis au musulman de contraindre son épouse chrétienne à rompre le jeûne qu’elle pratique conformément à sa foi et à sa loi religieuse. Il ne lui (i.e. au mari) est pas permis non plus de la forcer à manger ce qu’ils (i.e. les chrétiens) s’abstiennent de manger pendant le jeûne ou en dehors de celui-ci. »

Source traduction française

A. Oulddali

Résumé et contexte

Le présent texte traite des relations matrimoniales entre les musulmans et les non-musulmans mais aussi des droits légaux des non-musulmans de pratiquer leur religion sous la loi islamique. Il y est question d’une opinion juridique conservée dans la compilation du juriste andalous Muḥammad b. Aḥmad al-‘Utbī (m. 255/869); et qui est transmise par l’égyptien Aṣbagh b. al-Farağ (m. 225/840) d’un autre égyptien Ibn al-Qāsim (m. 191/806). Selon ce dernier, un musulman n’a pas le droit de forcer sa femme non-musulmane à rompre son jeûne et ce quelle que soit la raison. De la même façon, une femme non-musulmane ne peut pas être forcée à manger quoi que ce soit d’interdit dans son jeûne selon sa religion. Un homme musulman peut se marier avec une femme non-musulmane selon la loi islamique. En conséquence, une fois engagé dans son mariage avec une femme non-musulmane, le mari a l’obligation d’accepter la croyance de sa femme non-musulmane et de lui permettre de pratiquer librement sa religion. La liberté accordée aux non-musulmans pour pratiquer leur religion est basée sur le verset coranique : « Il n’y a nulle contrainte en religion » (2, 256). Bien que le mariage entre un homme musulman et une femme non-musulmane ne soit pas interdit, la majorité des juristes, dont Mālik b. Anas (m. 179/795), désapprouve cette action à cause du fait que les pratiques religieuses d’une femme non-musulmane pourraient conduire le mari musulman à violer les interdictions relevant de sa propre croyance.

Signification historique

Les quatre écoles de droit sunnites s’accordent sur la possibilité d’un mariage entre un homme musulman et une femme non-musulmane (des gens du Livre). Cependant, il n’est pas permis à un homme musulman de se marier avec une femme zoroastrienne ou païenne ; et une femme musulmane a seulement le droit de se marier avec un homme musulman. Ces décisions sont basées sur les versets coraniques ainsi que sur les traditions du Prophète. Le verset coranique 2, 221 interdit de se marier avec un polythéiste ; « Et ne te marie pas avec les idolâtres jusqu’à ce qu’elles croient », et le verset 5,5 permet de se marier avec une femme de religion monothéiste : « Et la femme vertueuse de ceux qui reçoivent l’Écriture avant toi (sont licites pour toi) ». La permission dans le dernier verset est également soutenue par une tradition prophétique : « Nous nous marierons avec les femmes des gens du Livre (ahl kitāb), mais ils ne se marieront pas avec nos femmes ». Malgré la permission aux musulmans de prendre des femmes non-musulmanes pour épouses, d’éminents juristes n’aiment pas cette action, sans l’interdire. Al-Shāfi‘ī (m. 204/820) affirme qu’il préfère ne pas le faire, et il est rapporté que Mālik n’aime pas ces mariages et les considère comme "contraignants et répréhensibles" à cause des diverses pratiques religieuses d’une femme non-musulmane et de sa consommation de produits interdits en islam, tels que le vin et le porc. Aḥmad b. Ḥanbal (m. 241/855) exprime également sa désapprobation en ce qui concerne ces mariages, bien qu’il admette leur permission. Une fois le mariage inter-religieux conclu, la majorité des juristes s’accorde sur le fait que la femme non-musulmane doit être traitée sur un pied d’égalité avec les autres épouses et doit avoir le droit de pratiquer sa religion selon les prescriptions de celle-ci. Cependant, il y a différentes opinions parmi les juristes quant à savoir s’il peut y avoir des restrictions sur les pratiques religieuses d’une épouse non-musulmane. A titre d’exemple, al-Shāfi‘ī affirme qu’un mari musulman est tenu d’empêcher sa femme non-musulmane de manger du porc. Selon Aḥmad b. Ḥanbal, le mari musulman devrait interdire à son épouse d’apporter une croix à l’intérieur de sa maison, mais ne peut l’empêcher de le faire. Ibn Qayyim al-Ğawziyya (m. 751/1350) dit qu’il ne peut l’empêcher de jeûner conformément à sa religion, il ne peut la forcer à violer le Shabbat, et ne peut la forcer à manger de la viande ou utiliser de la graisse d’une espèce interdite par sa religion. Il ne peut également pas l’empêcher de lire son Livre saint. Mālik affirme qu’un mari musulman ne peut empêcher sa femme chrétienne de manger du porc, de boire du vin et d’aller à l’église.

Etudes

  • D. Freidenreich, “Christians in Early and Classical Sunnī Law", in David Thomas, ed., Christian-Muslim Relations: A Bibliographical History. Brill Online, 2012.
  • Y. Friedmann, Tolerance and Coercion in Islam Interfaith Relations in the Muslim Tradition (Cambridge, 2003), 160-193.
  • J. Safran, “Identity and Differentiation in Ninth-Century al-Andalus”, Speculum 76/3 (2001), 583-584, 588.
  • N. Tsafrir, “The Attitude of Sunnī Islam toward Jews and Christians as Reflected in some Legal Issues”, Al-Qantara 26/2 (2005), 329-332.

Mots-clés

chrétiens ; jeûne ; mariage

Auteur de la notice

Emre   Çelebi

Collaborateurs de la notice

Ahmed   Oulddali  :  traduction

Claire   Chauvin  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252638, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252638/.

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