Fuero de Cuenca
Statut des prisonniers maures déstinés à l'echange.
Quod non detur quintum de mauro quem pro captivo dare uelint.
De mauro quem pro captivo dederint tan milites quam pedites, non dent quintum de foro. Nec de aliis rebus habent dare quintum, sextum aut septimum nisi solumodo de mauris, et bestiis et pecoribus et armentis
R.Ureña y Smenjaud, El Fuero de Cuenca (Formas primitiva y sistematica/texto latino, texto castellano y adpatacion del Fuero de Iznatoraf, (Madrid, 1935),648.
La cinquième partie du prix d’un maure ne doit pas être rendue pour des captifs d'échange
D’un maure que des soldats ou des cavaliers ont donné en échange d’un prisonnier (chrétien), on ne doit pas rendre le cinquième du prix. Et au sujet des autres choses, ils ne doivent pas en donner le cinquième, le sixième ou le septième du prix, si ce n’est pour des maures (qui ne servent pas à l’échange), des bêtes, des brebis et des armes.
M. Bueno
Cette loi du Fuero de Cuenca régit la situation des prisonniers maures capturés dans une action militaire, mais destinés à être échangés contre les chrétiens. Dans ce cas, ils ne sont pas considérés comme partie du butin. Le reste des maures, des animaux et des armes saisies dans des raids de cavalerie et dans les actions militaires doit être considéré comme objets de partition. Le cinquième royal du butin doit être remis au roi après la vente aux enchères.
Le chapitre (XXX) est dirigé au l’organisation des militias, la partition de butin et le système de rachat des captifs.
Les campagnes offensives représentent l'aspect le plus complet et prévisible de la vie quotidienne dans l’espace frontalier de Cuenca au XIIIe siècle.1 De plus nous savons que la Milice de Cuenca participait à des campagnes. En 1211 et 1213 les forces armées ont rejoint Alphonse VIII, contre Játiva et la côte Méditerranéenne, sur une centaine de milles de distance. En 1225, les milices de Cuenca dirigées par Alfonso Téllez leader local et Lope de Cuenca évêque de la ville, ont amené les autres milices des villes contre Valence et de Murcie, pourtant plus lointaine. Ils ont aussi servi dans l'armée pendant le siège et la prise de Cordoue en 1236. Aucune force urbaine en Europe n’opérait aussi loin de sa propre ville à ce moment-là et cette capacité militaire expliquait pourquoi les rois accordaient de vastes libertés et l'indépendance à des villes comme Cuenca.
Un ample corpus des prescriptions du Fuero de Cuenca couvre le système de recrutement de l’armée, la prise du butin, sa distribution et son utilisation pour payer le cinquième royal, dérivée de la ghanima dans la tradition musulmane.
1 . J. González, « La Extremadura castellana al mediar el siglo XIII »Hispania, 127, (1974), 265-424, J. Dalché Gautier, « Islam et la Chrétienté en Espagne au XIIe siècle. Contribution a l’étude de la frontière», Hesperis, XLVII, 1959, 183-257.
Les incursions militaires vers le territoire musulman ont été organisées comme les affaires pour obtenir le butin et le partage entre les milices municipales des différentes villes de la Extremadure castillane aux XIIe et XIIIe siècles. 1
L’armée municipale n'était pas professionnelle, mais il était bien structurée pour l'activité militaire permanente dans la région frontalière de Cuenca. L'armée municipale était divisée en trois unités militaires basiques telles que la cavalerie; des archers et des arbalétriers, et des soldats à pied.
Les caballeros villanos, (chevalerie populaire) roturiers suffisamment riches pour prêter un service militaire à cheval, service de prestige social, ont fortement augmenté dans des nombreuses villes pour défendre les territoires frontaliers et deviennent un important groupe social impliqué dans le gouvernement municipal. 2
Les règles de partition du butin ont occupé un rôle très important dans les lois municipales. Habituellement le butin pris au cours du raid de cavalerie (des maures, des bovins, des vêtements, des bijoux, des armes ...) était correctement réparti jusqu'au jour de la partition. Une fois que le raid était terminé, quelques maures pourraient être choisis pour l’échange des captifs, ils n’étaient pas considérés comme partie du butin et avaient une règle et une considération spéciales. 3
Ce précepte du Fuero de Cuenca a été reproduit dans tous les Fueros de la famille (Fuero de Zorita de los Canes, 28; Fuero de Baeza, 687) jusqu'aux Partidas (Partida, II, XXVI, 8).
Avant toute partition, il était nécessaire de compenser les pertes de ceux qui souffrent pendant le combat, une compensation qui fut appelée dans les codes, erecha (Fuero de Cuenca XXX, 15,20, 24,30,31). Ensuite, les maures destinés à être changé par les chrétiens étaient séparés du butin. Ce qui reste du butin était alors vendu aux enchères et le cinquième royal était séparé avant la partition, selon la même tradition islamique de la division du butin, ghanima. 4
Toutes les collaciones, (quartiers-paroisses) de la ville participaient à la partition grâce aux autorités cuadrilleros (Fuero de Cuenca, XXX, 16). Tout le butin devait être enregistré par les autorités (les maures, les animaux et d'autres objets). Puis ils étaient rendus à la division entre tous les participants de l’incursion. Les règles de partage pour les soldats étaient différentes en fonction des parties militaires impliquées dans le raid: un sixième devait être donné pour ceux qui étaient cavaliers et soldats à pied, un cinquième pour ceux qui avaient seulement force de cavalerie et un septième pour ceux qui possédaient seulement des soldats à pied (Fuero de Cuenca, XXX, 20.
1 . F. García Fitz, Castilla y León frente al Islam. Estrategias de expansión y tácticas militares (siglos XI-XIII) (Sevilla,1998), 160-165.
2 . C. Pescador, « La caballería popular en León y Castilla », Cuadernos de Historia de España, 33-34,(1961)101-258, 35-36, (1962),56-201, 37-38, (1963),88-198, 39-40, (1964),169-260.
3 . J. Broadman, « Municipal Ransoming Law on the Medieval Spanish Frontier », Speculum, 60/2, (1985), 318-330.
4 . A. Ziauddin, « Financial policies of the holy prophet. A case Study of the Distribution of Ghanima in Early Islam », Islamic Studies, Vol. 14, No. 1 (1975), 9-25.
Adam Bishop : relecture
Claire Chauvin : relecture
Notice n°252471, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252471/.