Loi bref municipale de Guadalajara.
Captif musulman et son valeur
19. Moro que fuere preso en fonsado o en guerra, et fuere alcayad sobre cavalleros, denlo al Rey, et el Rey de cient solidos a aquellos quel tomaren;et del otro cativo non den al Rey si non su quinta.
Los Fueros de Guadalajara, éd. P. Martin Prieto, Guadlajara, 2010.
Le maure qui a été emprisonné lors d’un fonsado (expédition militaire obligatoire convoquée par le roi en territoires frontaliers) ou pendant les guerres et s’il était alcayd sur chevaliers, doit être remis au roi, et le roi doit donner cent solidi a ceux qui le firent prisonnier. Quant aux autres prisonniers seulement le cinquième (de leur valeur) doit être donné au roi.
Bueno, Marisa
Le première Fuero (loi municipale) fut donné à la ville et à son alfoz en 1133 par Alphonse VII de Castille. Cette loi est connue comme «le Fuero court" en raison de sa taille par rapport à la suivante, instituée par Ferdinand III (1219) et connue comme Fuero étendu. Cette disposition montre une épisode classique de la vie frontalier le capture de un chef Sarrasin et le traitement octroyé, assez répété dans la plus part des dispositions municipales.
Dans cette disposition, il y a une différence de traitement et de considération vis-a-vis des vaincus en fonction de leur position hiérarchique dans la société musulmane. Ces Maures faits prisonniers dans le fonsadodevraient être remis au roi, en échange d'une récompense déjà prévue de cent solidos 1. En revanche, si le captif est un simple soldat musulman, le roi ne reçoit que le cinquième de sa valeur estimée, c'est à dire le cinquième du butin. La plupart des Fueros médiévaux accordaient aux souverains le droit de garder pour eux les prisonniers de qualité. La même disposition se retrouve dans Le Fuero de Cuenca et dans celui de Zorita de los Canes, plus tardifs 2
Dans les histoires des nombreuses campagnes chrétiennes les captifs sont considérés comme la partie plus important du butin, surtout à un’époque où la monnaie était vraiment rare. Les captifs faisaient l’objet de multiples échanges. Initialement, les Maures avaient le statut de serviteur, ils étaient la propriété d’un homme. Mais progressivement, ces captifs ont fini par être intégrés dans la vie communautaire dans le bas de l'échelle parmi les hommes libres. C'était une pratique courante chez les ecclésiastiques et les cavaliers de donner la liberté et quelques biens à leurs captifs au moment de faire leurs dernières volontés. Cette pratique a été documentée dans plusieurs cas à Ségovie, près de Guadalajara depuis 1177 ( 3. En ce qui concerne le cinquième royal, ce précepte montre la transmission d'une pratique musulmane dans le droit municipal castillan dans les territoires frontaliers. La cinquième partie (lat, Quintus) était un droit revenant au roi et se prélevant sur les prisonniers, les trésors et les éléments similaires, découverts ou capturés. Cette loi a son antécédent dans la loi islamique sur la répartition du butin al-Ghanima. C’était une tradition juridique reconnue et respectée 4 Ce fut aussi une coutume acceptée dans la Péninsule ibérique, puisqu’on la retrouve dans les Fueros et qu'elle fut consacrée en tant que droit dans Las Partidas5 au milieu XIIIe siècle, et à la fin du Moyen-Age dans les Cortes de Tolède de 1480 . Plus tard, en 1504, la monarchie espagnole imposa la même taxe sur l'or et l'argent de l'Amérique6 Le cinquième royal fut appliqué à la législation Indienne comme participation de la Couronne Espagnole aux bénéfices des découvertes coloniales 7 et a même survécu jusque XIXé siècle en ce qui concerne la gestion des mines à la Novisima Compilación.
1 . Monnaie de compte. J. Minguez Martínez, « Moneda medieval en el Reino de León. Análisis de los términos monetarios en la documentación del Archivo de la Catedral de León (711-1252) », Ab Initio, N .Ext.1, (2011), 11-67
2 . « Si el moro alcayd señor que entonces tenga Castillo fuere preso ; si el rey lo quisiere auer ; quitelo por cien maravedies y sea del Rey », Fuero de Cuenca, éd. R. Uruena y Smenjaud, (Madrid, 1935), 655, The Code od Cuenca. Municipal Law on the Twelfe Century Castilian Frontier, ‘ed. James F..Powers (Philadelphia, 2000), Cap. XIII, 34, 71.
3 . J. Gonzalez, « La Extremadura castellana al mediar el siglo XIII », Hispania, 127, 1975, 313.)
4 . A. Ziauddin, « Financial Policies of the Holy prophet. A Case Study of the Distribution of Ghanina in Early Islam », Islamic Studies, 14(1975),9-25
5 . Las Siete Partidas del Rey don Alfonso el Sabio, éd ; Real Academia de la Historia, (Madrid,1807), vol.II, Partida II, Titulo XXVI, Leyes 4-7, 275-278 ; Las Siete Partidas, éd. R.I. Burns, (Philadelphia, 2001), vol.II, Part.II, 476-478.
6 . M.A. Ladero Quesada, Las Indias de Castilla en sus primeros anos. Cuentas de la Casa de Contratacion (1503-1521), (Madrid, 2008), 138 . P. Bakewedll , « Mining », L. Betthel, Colonial Spanish America, (Cambridge, 1993), .232
7 . Recopilacion de Leyes de los Reynos de las Indias, (Madrid, 1681), vol.III, Libro VIII, Titulo X, 55-66
Adam Bishop : relecture -corrections
Claire Chauvin : relecture -corrections
Notice n°252379, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252379/.