./.

Fuero de Jaca otorgado por Sancho Ramirez[c. 24]

Auteur

Sancho Ramirez

Titre en français

Fuero de Jaca donné par Sancho Ramirez

Titre descriptif

Les captifs musulmans doivent être traités avec humanité

Type de texte

fuero

Texte

Et si aliquis homo pignoraverit sarracenus vel sarracenam vicini sui mitat eum in palatio meo, et domnus sarraceni vel sarracene det ei panem et aquam quia est homo et no debet ieiunare sicuti bestia.

Langue

Latin

Source du texte original

M. Molho, ed., El fuero de Jaca. Escuela de Estudios Medievales, Instituto de Estudios Pirenaicos, Zaragoza, 1964, 5

Datation

  • Date fixe : 1077

Aire géographique

Traduction française

Et si quelqu'un veut mettre en gage un Sarrasin, homme ou une femme, à l’un de ses voisins, il doit le ou la remettre dans mon palais, et le propriétaire doit nourrir l’homme ou la femme sarrasine avec du pain et de l'eau, car il ou elle est une personne et ne doit pas jeûner comme s’il était un animal.

Source traduction française

Y. Masset

Résumé et contexte

Lorsque le premier Fuero fut donné à Jaca, et que la ville reçut le statut de ville et de capitale du royaume d'Aragon, il n’existait que cette seule mention de Sarrasins. Elle faisait référence à ceux qui avaient été fait prisonniers alors que l’Aragon était toujours en guerre contre la Taifa de Saragosse. Ils étaient traités comme des esclaves, c’est-à-dire une propriété susceptible de servir de garantie à un échange1. À ce stade, il n’existait pas musulmans libres dans la ville, mais il semble que dans les dernières années, un nombre important de musulmans et de juifs s’installèrent à Jaca, puisque, dès le XIIIe siècle, les fueros contiennent des lois concernant les minorités, et en les considérant comme des citoyens.

1 . Voir ci-dessous GARCÍA ARANCÓN pour le Fuero tardif de Tudela qui se réfère au statut des esclaves musulmans, en particulier l'indemnisation en cas d'homicide et la valeur de la mise en gage ("La caloña a pagar por un moro cuando es muerto por un clérigo parece guargar relación con la consideración en el Fuero de Estella: el homicida pagará por el moro lo que valdría vendido como bestia, o bien el homicidio como fuero es. Asimismo un moro, se entiende esclavo, se puede empeñar como una bestia de cuatro pies" : La compensation à payer pour un musulman, quand il est tué par un ecclésiastique, semble être en relation avec le statut établit dans le Fuero de Estella; le meurtrier devait payer le prix qu'il pouvait obtenir de la vente du musulman en tant que bête à quatre pattes, ou la compensation du meurtre comme cela était indiqué ailleurs dans le Fuero. En outre, un musulman, un esclave, pouvait être mis en gage comme une bête à quatre pattes).

Signification historique

Le Fuero de Jaca est considéré comme le modèle des « Fueros extensos » ou Fueros urbains. En Aragon, contrairement au reste des terres sous domination chrétienne en péninsule, la législation basée sur le Liber Iudiciorum disparut. Elle fut remplacée par un nouveau système basé sur la tradition et la coutume ("usos y costumbres " ou "fueros") qui n’a pas été appliqué uniformément à l’échelle du territoire mais sous de multiples traditions. Ces fueros évoluèrent selon ad hoc les besoins et se complexifièrent. Presque chaque village avait son propre code législatif. A partir du XIème siècle, avec la croissance de la vie urbaine et de l'activité commerciale qui multiplièrent les contacts et échanges entre les villages, il apparut nécessaire d'unifier ces codes. En conséquence, différents Fueros créèrent des familles de compilation : les « fueros urbains » pour les villes loin des zones de guerre (appelés Extremadura), et les « fueros Extremadura » pour les villes où le danger était présent et où il était nécessaire de peupler les lieux nouvellement conquis. Le « Fuero de Jaca » constitue un modèle de compilation législatif pour une ville d’habitants libres, en mesure de payer des impôts et de se engager dans des entreprises commerciales, dans l'achat et la vente de biens, ainsi que dans d'autres échanges. Ce fuero fut un modèle qui étendit son influence à d'autres fueros similaires, tels que ceux d'Estella ou Ainsa. Le fuero fut donné à Jaca par Sancho Ramirez en 1077. Cependant, ce n’était pas un texte statique mais plutôt dynamique et qui fit l’objet de confirmations ultérieures d'autres monarques. Ainsi, le contenu évolua au grès des besoins des citoyens. Plusieurs compilations du Fuero sont connues. Les textes affichent une société en mutation, passant du village primitif de Jaca habité par les villageois à une société plus complexe au XIIIe siècle composée de différentes classes sociales (les « infanzones » ou la petite noblesse, les «Villanos » ou villageois libres, les « homes de religion » ou prêtres, les «ome que no es vezin » ou voisins d'autres villages, le « Catius » ou esclaves). Différents groupes religieux étaient également présents dans ces compilations du XIIIe siècle du Fuero de Jaca, ainsi que les juifs et les Sarrasins explicitement mentionnés dans différents chapitres (échange de biens, prestation de serment, le prêt, les procès contre les chrétiens, etc).

Manuscrits

  • Archivo Municipal de Pamplona, Ms. X15

Etudes

  • REAL ACADEMIA DE LA HISTORIA. Colección de Fueros y Cartas-Pueblas de España. Catálogo. Imprenta de la Real Academia de la Historia. Madrid, 1852.
  • El Fuero de Jaca: Estudios. Ediciones del Justicia de Aragón. Zaragoza, 1994.
  • DELGADO ECHEVERRÍA, J. et al. Cartas de población, Fueros y Ordenaciones Municipales de Aragón. Tercera Muestra de Documentación Histórica Aragonesa. Diputación General de Aragón. Zaragoza, 1990.
  • DELGADO ECHEVERRÍA, J. et al. Los Fueros de Aragón. Segunda Muestra de Documentación Histórica Aragonesa. Diputación General de Aragón. Zaragoza, 1989.
  • GARCÍA ARANCÓN, M.R. Marco jurídico y proyección social de las minorías navarras: judíos y mudéjares (siglos XII - XV). Iura Vasconiae, 4/2007, 498:
  • MUÑOZ Y ROMERO, T. Colección de Fueros Municipales y Cartas-Pueblas de los reinos de Castilla, León, Corona de Aragón y Navarra. Madrid, 1847.
  • UBIETO ARTETA, A. Vidal Mayor. Estudios. Instituto de Estudios Altoaragoneses. Excelentisima Diputacion Provincial. Huesca, 1989

Mots-clés

esclaves ; musulmans

Auteur de la notice

Bejarano   Barbara

Collaborateurs de la notice

Youna   Masset  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252279, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252279/.

^ Haut de page