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إبن برطال، الفتوى الثانية[2]

Auteur

Ibn Barṭāl, ʿAlī b. ʿAbd Allāh

Titre en français

Deuxième fatwa d'Ibn Barṭāl

Titre descriptif

Fatwa au sujet des musulmans vivant à proximité des territoires chrétiens

Type de texte

Fatwa

Texte

و سئل الفقيه أبو الحسن علي بن عبد الله بن برطال – رحمه الله –عن حكم أناس سكنوا بأوطانهم والنصارى يجاورونهم، وهم على ثلاثة أقسام. قسم أهل فتنة و حرب مع الكفار كأهل جبل حبيب، وقسم، لما انعقد الصلح مع النصارى، ضربوا لهم أجلا ونيتهم أنهم لا يغرمون لهم مالاً، فإن هم طولبوا به، فروا الى بلاد الإسلام. ما حكم سكناهم في بلادهم مع هذه النية؟ وقسم نيتهم أن يسكنوا بلادهم ويغرموا النصارى ما بقيت الدنيا بينوا لنا حكم هذه الأقسام. فأجاب الجواب عن المسألة الأولى الهائلة، التي هوّل بها أركان الإسلام وطمست بها عيون الليالي والأيام، أن الثلث الأول هم المسلمون المنتفعون بإسلامهم الذين يجب علينا التبرك بغبار أقدامهم فأنهم في عبادة عظيمة. فيا ليتني كنت معهم فأفوز فوزاً عظيما. و أما الثلث الثاني الذي عقد بينهم أنهم، إن اضطروا على الغرامة، يفر بنفسه، فقد فعل فعلاً مكروهاً في استيطانه ببلد يُمكن الكافر فيه قهره وغلبته، غير أن هذا الثلث، إن وفي ما عاهد عليه نيته، فانه من الناجين إن شاء الله لأنه غر وسلم وأما الثلث الثالث، فأنه خسر دينه و دنياه، وخلاف ما أمر به مولاه، فهؤلاء يستحقون العقوبة العظيمة. واختلف في عقوبتهم على خمسة أقوال المشهور منها ما ذهب اليه ابن القاسم وسحنون، أنه يقتل من غير استتابة – عافانا الله من هذه المصيبة. فبينما المسلم حرام الدم وإذا به يصيًر نفسه حلال الدم. وكذلك لا يحل لمسلم أن يبيع ويشتري من النصارى فيتقوون بذلك على المسلمين. وكان يجب على أهل الأوطان الصبر على ما أصابهم حتى يقضى الله أمراً كان مفعولاً.

Langue

Arabe

Source du texte original

Al-Zayyātī, 'Al-Jawīhir al-mukhtāra fī-mā 'alā-hī min al-nawāzil bi-Jibāl Ghumāra', relevant sections ed. J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī’s Asnā al-matājir Reconsidered', PhD Thesis, Emery University, 2009, pp. 415-6

Datation

  • Entre 1450 et 1500

Aire géographique

Traduction française

Le juriste Abū al-Ḥasan ʿAlī b. ʿAbd Allāh b. Barṭāl - que Dieu ait pitié de lui - fut interrogé sur le statut de certaines personnes qui résident dans leur pays d'origine, tandis que les chrétiens vivent dans leur voisinage immédiat. Ils se divisent en trois groupes : un groupe s'engage dans la lutte et mène une guerre contre les infidèles, comme les habitants de ğabal (montagne) Habīb. Un autre groupe, lorsque le traité a été conclu avec les chrétiens, [ceux-ci] leur ont donné un délai fixe [au cours duquel les musulmans pouvaient rester]. Ils avaient l’intention de ne payer aucun tribut et si on leur réclamait de l’argent, ils fuiraient vers le territoire musulman. Quel est le statut légal (ḥukm) de leur résidence s’ils demeurent dans leur pays avec cette intention ? Il y a aussi un groupe dont l'intention est de résider dans leurs terres et de verser le tribut aux chrétiens aussi longtemps que le monde subsiste. Précisez-nous le statut de ces groupes. Il a répondu: « La réponse à la première question, qui est tellement effrayante qu’elle a menacé les piliers de l'islam et effacé les jours et les nuits, est [la suivante] : le premier tiers se compose de ces musulmans qui se conforment à leur religion. Nous devrions chercher la bénédiction dans la poussière sur laquelle ils posent leurs pieds car ils sont engagés dans un acte de dévotion très fort. Ah ! Si seulement j’étais avec eux pour pouvoir attendre une grande victoire. Quant au deuxième tiers, [à savoir] ceux qui résident [là] tout en ayant l’intention de fuir si on les obligeait à payer [le tribut], il a commis un acte répréhensible en raison du fait qu’il demeure dans un territoire où l'infidèle peut le dominer et exercer sa suprématie sur lui. Néanmoins, ce groupe, si [ses membres] remplissent ce qu'ils ont promis de faire à travers cette intention, sera parmi les sauvés, si Dieu le veut; car ils auront trompé [l’ennemi] et échappé. Quant au troisième tiers, ils ont perdu leur religion et leur [vie dans ce] monde, et ont violé ce qu’a ordonné leur seigneur. [De ce fait] ils méritent la plus sévère des punitions. Il y a désaccord quant à la peine qu’il faut leur appliquer. [On recense] cinq opinions, la plus répandue d’entre elles est celle qu’ont soutenue Ibn al-Qāsim et Saḥnūn et selon laquelle on le tue sans lui demander de se repentir - puisse Dieu nous protéger de cette calamité. Alors qu’il est interdit de verser le sang d’un musulman, [celui qui accepte de vivre en permanence dans un pays dominé par les infidèles] rend de lui-même son sang licite. De même, il n'est pas permis à un musulman de vendre [des marchandises] aux chrétiens ni de leur en acheter, car ils profitent [de ce commerce] pour se renforcer aux dépens des musulmans. Les habitants de ces territoires auraient dû s’armer de patience face à ce qui leur est arrivé jusqu’à ce que Dieu accomplisse un ordre qui doit être exécuté.

Source traduction française

A. Oulddali

Résumé et contexte

Les deuxième et troisième fatwas d’Ibn Barṭāl sont très similaires du point de vue de leur contenu. L’une semble en effet être une reformulation de l’autre dont elle clarifie les points principaux. C’est pourquoi, il convient de les traiter ensemble. Dans ces fatwas, on s’interroge sur le statut juridique des différents groupes musulmans, mais cela diffère de la première fatwa puisqu’ici la question porte sur le statut de ceux qui vivent à proximité plutôt que dans le territoire non-musulman. Les groupes sont détaillés comme suit: les musulmans effectuant des attaques à l’intérieur du territoire chrétien; le second a un traité de paix avec les chrétiens, mais ne paie pas de tribut (ğizya); tandis que le troisième groupe a signé un traité et accepte de verser le tribut. Ibn Bartal exprime son dégoût pour l'ensemble de ces groupes, tout en faisant l'éloge de l'activité du premier. Le deuxième groupe doit être sanctionné pour avoir conclu un traité avec les chrétiens, mais ces hommes seront sauvés s'ils s'enfuient lorsque la jizya est appliquée. Le troisième groupe est le plus violemment critiqué, ses membres sont qualifiés d’apostats et de traîtres en raison de leurs actions. Dans la troisième fatwa, cependant, le juriste donne plus de détails à propos des musulmans qui appartiennent à ce dernier groupe, estimant qu'ils recevront des peines différentes en fonction des rapports qu’ils entretiennent avec les dirigeants chrétiens des territoires voisines. Enfin, la troisième fatwa contient une autre question qui est de savoir si l'argent d'un homme prisonnier doit être utilisé pour payer sa rançon ou ses dettes en premier lieu, ce à quoi Ibn Ibn Barṭāl répond qu'il doit être utilisé pour payer ses dettes en premier.

Signification historique

Ces fatwas montrent quelques-uns des problèmes auxquels étaient confrontés les musulmans vivant à proximité de chrétiens dans l'Occident, les différents plans d'action qui s'offraient à eux, et comment ces différentes situations ont été perçues par les autorités religieuses.

Manuscrits

  • MS Rabat - Moroccan National Library, MS 1698, Vol. II, f.42
  • MS Rabat - Ḥasanīya Library, MS 5862, f. 248
  • MS Tetouan - General Library and Archives, MS 178, f. 263

Editions

  • Ghanya Atoui ed., Al-Ğawāhir al-mukhtāra fī-mā waqaftu ʿalāy-hī min al-nawāzil bi-ğibāl Ghumāra, Mémoire de magister, Université de Constantine (Algérie), 2013, II, 128-29..
  • J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī’s Asnā al-matājir Reconsidered', PhD Thesis, Emery University, 2009, pp. 415-6

Traductions

  • J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī’s Asnā al-matājir Reconsidered', PhD Thesis, Emery University, 2009, pp. 401-2

Etudes

  • A.M. al-Turki, 'Pour ou contre la légalité du sejour des musulmanes en territoire reconquis pat les chrétiens: justification doctrinale et réalité historique', in B. Lewis and F. Niewohner (eds), Religionsgesprache im Mittelalter, Wiesbaden, 1992, pp. 305-23
  • A.K. Bennison, 'Liminal States: Morocco and the Iberian Frontier between the Twelfth and Nineteenth Centuries', in J. Clancy-Smith (ed.) North Africa, Islam and the Mediterranean World: From the Almoravids to the Algerian War, London, 2001, 11-28
  • H. Buzineb, 'Respuestas de Jurisconsultes Maghrebies en Torno a la Immmigracion de Musulmanes Hispanicos', Hespéris Tamuda 16-17 (1988-9), 53-67
  • L. Cardaillac, Morisques et Chrétiens: Un affrontement polemique, 2nd ed., Zaghoun, Tunisia, 1995
  • K.A. El Fadl, 'Islamic Law and Muslim Minorities: The Juristic Discourse on Muslim Minorities from the Second/Eighth to the Eleventh/Seventeenth Centuries', Islamic Law and Society 1 (1994), 141-87
  • J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī’s Asnā al-matājir Reconsidered', PhD Thesis, Emery University, 2009, pp. 124-31
  • B. Lewis, 'Legal and Historical Reflections on the Position of Muslim Populations under non-Muslim Rule', Journal of the Institute of Muslim Minority Affairs 13 (1992), 1-16
  • M.K. Masud, 'The Islamic Obligation to Emigrate', in D.F. Eickelmann and J. Piscatori (eds), Muslim Travellers: Pilgrimmage, Migration and Religious Imagination, Berkeley, 1990, pp. 29-49
  • J.-P. Molénat, 'Le problem de la permanence des musulmanes dans les territoires conquis par les chretiens, du point de vue de la loi islamique', Arabica 48 (2001), pp. 392-400

Mots-clés

apostasie ; chrétiens ; communauté ; droit islamique ; pacte ; peine de mort ; Taxe

Auteur de la notice

Alex   Mallett

Collaborateurs de la notice

Ahmed   Oulddali  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252161, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252161/.

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