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Nonnulli sicut accepimus

Auteur

Urbain IV

Titre en français

Nonnulli sicut accepimus

Titre descriptif

Les juifs et sarrasins qui veulent se convertir ne peuvent pas être refusés

Type de texte

Lettre

Texte

Patriarche Jerosolimitano apostolice sedis legato. Nonnulli, sicut accepimus, Sarraceni pauperes et Judei, converti ad unitatem ecclesie cupientes, ad civitatem Acconensem accedunt et postulant baptiçari. Verum licet donum baptismatis consequantur, tamen quia, paupertatis mole depressi, non habent unde possint in vite necessariis sustentari, prius quam catholice fidei doctrinam suscipiant, abire sinuntur. Nec interdum aliqui eorum in huiusmodi proposito perseverant, quin immo ad errores solitos redeunt, in obprobium nominis christiani. Unde cum in exaltationem et augmentum fidei cedere dinoscatur, cum tales de gentilitatis errore ad Dominum convertuntur, et si eos resilire contingat, quodammodo cedat in ipsius fidei detrimentum, fraternitati tue mandamus quatenus super his apponas salubre remedium; illis quos taliter converti contigitur, saltem per aliquos dies in quibus catheçiçari valeant et in fidei doctrina formari, ab ecclesiis vel monasteriis Acconensis civitatis et diocesis facias, per te vel per alium seu alios, in vite necessariis secundum quod expedire videris provideri. Contradictores etc. usque compescendo [Contradictores, si qui fuerint, vel rebelles per censuram ecclesiasticam, submoto appellationis obstaculo, compescendo]. Non obstante si aliquibus a sede apostolica sit indultum, quod interdici vel excommunicari nequeant aut suspendi per litteras apostolicas non facientes plenam et expressam de indulto huiusmodi mentionem. Datum apud Urbemveterem, VII kal. Augusti, anno tertio.

Langue

Latin

Source du texte original

B.Kedar, Crusade and Mission: European Approaches toward the Muslims (Princeton University Press, 1984), app. 3, 215.

Datation

  • Date fixe : 1264
  • Précisions : 26 juillet 1264

Aire géographique

  • Palestine
  • Cette lettre était adressée au Patriarche de Jérusalem, qui résidait alors à Acre, la capitale du royaume restant de Jérusalem.

Traduction française

Au Patriarche de Jérusalem, légat du Saint-Siège apostolique. Plusieurs sarrasins et juifs pauvres, ainsi que nous l’avons entendu, désireux de se convertir à l’unité (de la Trinité) dans l’Église, viennent à Saint-Jean-d’Acre et demandent à être baptisés. Mais bien qu’ils cherchent à atteindre le sacrement du baptême, cependant, parce que pris par le poids de la pauvreté, ils n’ont pas même de quoi pouvoir subvenir aux besoins nécessaires de la vie, ils sont obligés de partir avant d’avoir reçu la doctrine de la foi catholique. Et parfois, certains d’entre eux persévèrent dans leur proposition de cette sorte, mais bien plutôt ils reviennent à leurs erreurs coutumières, pour la honte du nom chrétien. De là, comme il est reconnu que l’augmentation de la foi va s’avançant dans l’exaltation quand de telles personnes, venant de l’erreur des Gentils, sont converties à Dieu, et que s’il arrive qu’ils renoncent, la même foi s’en va reculant de la même manière, nous ordonnons à ta fraternité de trouver à ce sujet un remède salutaire ; pour ceux qui sont trouvés à se convertir de la sorte, au moins pour les quelques jours au cours desquels ils veulent recevoir le catéchisme et à être formés dans la doctrine de la foi, que tu fasses, depuis les églises ou les monastère de la cité et du diocèse de Saint-Jean d’Acre, par toi-même ou par un autre, ou encore par plusieurs autres, en sorte de pourvoir aux besoins nécessaires de l’existence selon ce que tu veilleras à envoyer. Quant aux contradicteurs, s’il s’en trouve, ou aux rebelles, sans possibilité d’appel, ils seront réprimés par censure ecclésiastique. Et cela ne fera pas obstacle, s’il y a eu une indulgence du Saint-Siège apostolique pour certains, selon laquelle ils ne pouvaient être interdits ou excommuniés ou encore suspendus, s’ils ne présentent pas au sujet de cette indulgence une mention de cette sorte pleine et entière par une lettre apostolique. Fait à Orvieto, septième jour avant les calendes d’août, troisième année de notre règne.

Source traduction française

C. Chauvin

Résumé et contexte

Jacques Pantaléon a été Patriarche de Jérusalem de 1255 à 1261, avant d'être élu pape sous le nom d'Urbain IV. Cette lettre est adressée à son successeur, Guillaume d'Agen, et traite de la question des juifs et des musulmans désireux de se convertir au christianisme.

Signification historique

Les lettres et les statuts précédents qui concernaient la conversion des musulmans étaient adressées au Patriarche de Jérusalem et à tous ses suffragants, incluant ceux de Chypre, en 1237, 1238 et 1253. Cette lettre est adressée au seul Patriarche de Jérusalem et traite spécifiquement de Saint-Jean-d'Acre.

Les lettres plus anciennes traitaient des esclaves musulmans qui souhaitaient se convertir, ce qui était un problème pour la Jérusalem des croisés parce que les esclaves convertis étaient légalement supposés obtenir leur liberté. Les croisés soupçonnaient également que les esclaves musulmans voulaient uniquement se convertir pour pouvoir fuir au territoire musulman et retourner à l'Islam. Ils ne voulaient pas perdre une source non négligeable de travail, refusaient donc souvent de faire baptiser leurs esclaves. Le pape Grégoire IX essaya d'obtenir un compromis en autorisant les croisés à garder les convertis esclaves, mais ses directives ont apparemment été ignorées.1 Urbain IV s'occupa d'un problème similaire, mais concernant les musulmans libres (et les juifs) qui venaient à Saint-Jean-d'Acre chercher la conversion. Les croisés ne se sentaient pas particulièrement concernés par le prêche : au XIIème siècle, il n'y a quasiment eu aucune tentative pour convertir les musulmans habitant le royaume, qu'ils soient esclaves ou non. Au XIIIème siècle, les ordres mendiants (Franciscains, Dominicains, Carmélites) se sont établis à l'Est, et les seigneurs croisés et laïcs ont résisté à leur tentative de prêche. De toute évidence, quand les musulmans et les juifs se convertissaient, ou demandaient à être baptisés, les autorités ecclésiastiques et laïques déjà en place étaient réticentes à les soutenir, en particulier ceux qui avaient déjà du mal à subvenir à leurs propres besoins.2 À cette époque, il y eut des litiges importants avec le Saint-Empire romain, et parmi les communautés de marchands italiens dans les villes du royaume, qui ont parfois dégénérés en guerre ouverte. Le royaume était également menacé par les Mamelouks d'Égypte, qui allaient conquérir progressivement les villes restantes au cours des trente années suivantes. Les nouveaux convertis étaient sans doute considérés comme une charge supplémentaire par les croisés qui ne pouvaient y faire face. Urbain IV envoya également une lettre quelques mois plus tôt, en avril, à propos des chrétiens qui avaient fait apostasie pour l'Islam et qui souhaitaient revenir au christianisme. De même que pour les musulmans et les juifs dans cette lettre, il ordonnait à l'église de Saint-Jean-d'Acre de pourvoir à leurs besoins.

1 . B.Kedar, Crusade and Mission: European Approaches toward the Muslims (Princeton, 1984), 146-147.

2 . Kedar, 151.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Archivio Segreto Vaticano, Reg. Vat. 29, fol. 198v., no. 975

Editions

  • J.Guiraud, Les régistres d'Urbain IV (Paris, 1904), no. 1925.
  • B.Kedar, Crusade and Mission: European Approaches toward the Muslims (Princeton University Press, 1984), app. 3, 215.
  • O.Posse, Analecta Vaticana (Innsbruck, 1878), no. 427, 35.

Etudes

  • B.Kedar, Crusade and Mission: European Approaches toward the Muslims (Princeton University Press, 1984)
  • M.Nader, "Urban Muslims, Latin laws, and legal institutions in the Kingdom of Jerusalem", Medieval Encounters 13 (2007), 243-270.
  • J.Prawer, Crusader Institutions (Oxford, 1980).

Mots-clés

baptême ; catéchumène ; conversion au christianisme ; Juifs/Judaïsme ; musulmans

Auteur de la notice

Adam   Bishop

Collaborateurs de la notice

Claire   Chauvin  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°246697, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait246697/.

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