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וכן פי' הר' יהודה ור' נתן ורבינו שמואל[§ 327]

Auteur

Shelomo ben Yitzḥaq

Titre en français

R. Judah, R. Natan et rabenu Samuel ont écrit

Titre descriptif

Consommation du vin touché par les non-juifs

Type de texte

Responsum

Texte

וכן פי' הר' יהודה ור' נתן ורבינו שמואל בשם רש"י ז"ל: גוים בזמן הזה אינן בקיאין בטיב ע"ז, והוו כתינוק בן יומו שמגעו אינו עושה יין נסך: ועל סמך זה רגילין עכשיו ישראל ליקח מן הגוי חובו מיין של גוים. ונהי דיינם שבביתם אין להתיר מטעם זה, דמ"מ אסור משום חתנות. מ"מ יין שלנו יהא מותר לשתות אם נגע בו גוי, ואין מגעו אוסר כלל אפילו בשתיה. וזה אינו נכון להנהיג, שכבר פשט איסור בכל העולם.

Langue

Hébreu

Source du texte original

I. Elfenbein, Teshuvot Rashi (New York, 1943), via The Responsa Project of Bar-Ilan University.

Datation

  • Entre 1040 et 1174
  • 11-12ème siècle

Aire géographique

Traduction française

R. Judah, R. Natan et rabenu Samuel ont écrit au nom de Rashi, que sa mémoire soit bénie: Les gentils de nos jours ne sont pas compétents en matière d’idolâtrie. Ils ont, à cet égard, le même statut que le bébé d’un jour qui ne peut pas rendre le vin illicite en le touchant. Sur la base de ce règlement, les juifs de nos jours ont l’habitude de prendre en gage le vin produit par des gentils. Il a été jugé qu’il sera interdit de consommer le vin qui se trouve dans les maisons des gentils sur la base du même règlement, car nous avons trouvé l’explication que cette pratique est interdite à cause de la possibilité de mariages mixtes. Nous avons trouvé ainsi qu’il est permis aux juifs de consommer le vin produit par les juifs si un gentil l’a touché, et qu’aucun gentil ne peut rendre le vin illicite en le touchant. Il n’est pas correct de suivre ce dernier règlement, parce que l’interdiction [de consommer le vin touché par un gentil] est déjà répandue partout dans le monde.

Source traduction française

N.Koryakina

Résumé et contexte

Il y a quatre rabbins mentionnés dans ce texte. R. Judah ben Nathan a été le beau-fils et l’un des disciples de Rashi. Il a terminé certains commentaires de Rashi sur le Talmud et il a écrit ses propres commentaires. Il est considéré comme l’un des tosafists (ceux qui ont ajouté leurs commentaires au commentaire de Rashi sur le Talmud). Il n’est pas facile d’identifier la personne de R. Nathan. Il est probable que ce soit le père de R. Judah. R. Samuel ben Meïr (1085- 1174 environ) a été un exégète de Ramerupt, à coté de Troyes. Il était le petit-fils de Rashi du côté maternel. Il a écrit divers commentaires sur la Bible et le Talmud. Le quatrième rabbin était Rashi et ce responsum lui est attribué. Ce texte porte sur l’idée que les non-juifs ne pratiquent plus l’idolâtrie comme ils faisaient par le passé, et l’influence de cette idée sur la question du vin offert en offrande. Le règlement du Talmud (Babylonian Talmud, ʿAvodah Zarah 57a) selon lequel tout non-juif rend le vin illicite en le touchant sauf le bébé d’un jour a été révisé plus tard quand il a été décidé que tout gentil doit être considéré comme le bébé d’un jour qui ne soit pas capable de rendre le vin produit par les juifs illicite.

Signification historique

Ce responsum reflète la contradiction dans l’attitude des juristes juifs vers le statut juridique des non-juifs dans le contexte de la vinification. D’une part, il existait une conviction que l’idolâtrie telle quelle était dans l’Antiquité n’existe plus. C’était une conséquence de l’expansion du christianisme et le développement de l’Église qui ont eu lieu pendant la période après l’achèvement du Talmud et avant les activités de Rashi. Pour cette période il y a peu de preuves de changement de l’attitude des juifs vers les pratiques religieuses des non-juifs. L’opinion de Rashi pourrait donc être considérée comme une réflexion tardive à l’égard de ce changement. Plus tard Maimonïde a écrit que les musulmans ne doivent pas être traités comme idolâtres, bien que les chrétiens doivent être considérés comme ceux qui offrent vin en offrande (Mishneh Torah, Hilkhot maʿachalot Asurot 11: 4). D’autre part, comme suite des activités développées dans les académies juives de Babylone pour faire respecter les études du Talmud, il y avait l’intention de soutenir diverses prohibitions de contacts avec les non-juifs en général et aussi les contacts au cours de la vinification, le commerce du vin et les pratiques de la consommation de vin.

Etudes

  • D. Freidenreich, Foreigners and Their Food: Constructing Otherness in Jewish, Christian, and Islamic Law (University of California Press, 2011), 209-222.
  • D. Kraemer, Jewish Eating and Identity Through the Ages (Routledge, 2007), 129-132.
  • H. Soloveitchik, Einam: sehar be-einam shel goim. Al gilgula shel halakhah be-olam ha-maʿasseh (Tel-Aviv, 2003), 25-58.
  • H. Soloveitchik, Hayayin bimei habeinayim: yayin nesekh (Jerusalem: Zalman Shazar Center for Jewish History, 2008), 16-20, 48-52.

Mots-clés

alimentation ; Juifs/Judaïsme ; Vin

Auteur de la notice

David   Freidenreich

Collaborateurs de la notice

Nadezda   Koryakina  :  traduction

Nadezda   Koryakina  :  collaborateur pour le commentaire

Claire   Chauvin  :  relecture

Anna   MATHESON  :  relecture

Comment citer cette notice

Notice n°244091, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait244091/.

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