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[Collectio Gerhardi][4]

Auteur

Gerhardus Mogontiacensis

Gregorius I

Titre en français

[Collectio Gerhardi]

Type de texte

collectio

Texte

Si quos christianorum pro longitudine itineris per provintias ab Ebreorum servitio per legalem violentiam Gregorius liberare non poterat, suis preciis redimendos esse censebat. Unde Candido presbytero per Gallias scribens: Dominicus, inquit, presentium portitor litterarum lacrimabiliter nobis innotuit quattuor fratres suos de captivitate a Iudeis redemptos esse atque eos nunc Narbone in eorundem Iudeorum servitio detineri. Et quia omnino grave execrandumque est christianos esse in servitio Iudeorum, dilectionem tuam scriptis praesentibus adhortamur, ut cum omni subtilitate et sollicitudine studeas perscrutari. Et si re vera ita est atque manifesta tibi veritate constiterit, quia neque ipse, unde se redimant, neque suprascriptus portitor habet, eos studii tui sit redimere: sciens, quia, quicquid in eis dederis tuis sine dubio rationibus imputatur.1

Iudeorum mancipia semel confugientia ad aecclesiam numquam quibuslibet suasionibus reddebat. Unde Ianuario Caralitano episcopo inter cetera scribens ait: Pervenit ad nos servos ancillasque Iudeorum fidei causa ad aecclesiam refugientes aut infidelibus restitui dominis aut ab eorum tutoribus, ne restituantur, praecium dari. Hortamur igitur, ut nullatenus tam pravam consuetudinem manere permittas, sed quilibet Iudeorum servus ad venerabilia loca fidei causa confugerit, nullatenus eum patiamini praeiudicium sustinere, sed sive olim christianus sive nunc fuerit baptizandus sine ullo christianorum pauperum damno religioso aecclesiasticæ pietatis patrocinio in libertatem modis omnibus defendatur.2

Non solum christiana mancipia Gregorius in libertatem pristinam legaliter revocabat, verum etiam pagana ad fidem venire volentia vendi nullo modo permittebat. Unde Fortunato Neapolitano episcopo inter cetera scribens ait: Fraternitatem vestram oportet esse sollicitam. Etsi de Iudeorum servitio non solum Iudeus, sed etiam quisquam paganorum fieri voluerit christianus, postquam voluntas eius fuerit patafacta, nec hunc sub quolibet ingenio vel argumento cuipiam Iudeorum venundandi facultas sit. Sed is, qui ad christianam converti fidem desiderat, defensione vestra in libertatem modis omnibus vindicetur. Hi vero, quos huiuscemodi oportet servos amittere, ne forsitan utilitates suas inrationabiliter estiment impediri, sollicita vos hoc convenit consideratione servare, ut si paganos, quos mercimonii causa de externis finibus emerunt, intra tres menses, dum emptor, cui vendi debeant, inveniatur, fugere ad aecclesiam forte contigerit et velle se fieri dixerint christianos vel etiam extra aecclesiam hanc talem voluntatem prodiderint, precium eorum a christiano scilicet emptore percipiant. Si autem post praefinitos tres menses quisquam huiuscemodi servorum Iudaicorum velle suum edixerit et fieri voluerit christianus, nec aliquis eum postmodum emere nec dominus qualibet occasionis specie audeat venundare, sed ad libertatis procul dubio praemia perducatur. Quia hunc non ad vendendum, sed ad serviendum sibi intellegitur reservasse.3

Pagana mancipia Iudeos, videlicet dominos suos, ad fidem praecedentia in eorum servitium, etiamsi ipsi ea ad christianitatem subsequebantur, nullo modo revocabat. Unde Iohanni Siracusano episcopo: Felix, inquit, praesentium portitor questus nobis est, cum sit de christianis parentibus natus a quodam christiano Samareo, quod dici scelus est, se esse donatum. Et dum huiusmodi superstitionis homines christiana quolibet modo mancipia possidere nec ratio legis nec reverentia religionis admittat, se tamen per X et VIII annos in eius asserit servitio permansisse. Sed cognoscente hoc decessore vestro sanctae memoriae Maximiano sano zelo, sicut decuit, sacerdotali commoto de Samarei nefario servitio liberatum. Sed quia eiusdem Samarei filius post V annos factus dicitur christianus et supra scriptum Felicem in eius servitium, quantum ipse dicit, quidam nituntur redigere, Sanctitas vestra haec, quae edocti sumus, diligenter inquirat. Et si ita ei esse constiterit, eum tueri studeat et a nullo sub qualibet occasione gravari permittat, quia, dum supersticiosae sectae mancipia dominos suos ad fidem praecedentia servicio eorum aperte redigi iura prohibeant, quanto magis hic de christianis parentibus natus et factus a parvulo christianus hanc non debet questionem aliquo modo sustinere, maxime, quia nec patris esse servus potuit, quamlibet ex prava potius praesumptione poenam posset venientem de legibus sustinere. 4

Langue

Latin

Source du texte original

Der Brief des Priesters Gerhard an den Erzbischof Friedrich von Mainz, F. Lotter, ed. (Sigmaringen, 1975), 114-16.

Datation

  • Date fixe : 937

Aire géographique

Traduction française

Comme Grégoire ne pouvait pas délivrer ces esclaves chrétiens de la servitude à laquelle les soumettaient les Hébreux en usant de la violence légale en raison de la longueur du voyage à travers les provinces, il décida de les racheter au prix qu'il voudrait. C'est à la suite de cela qu'il écrivit à Candide, prêtre des Gaules : Dominicus, dit-il, le porteur des présentes lettres nous a raconté en pleurant que ses quatre frères avaient été libérés de la captivité dans laquelle les tenaient les juifs et qu'ils étaient maintenant détenus à Narbonne, esclaves de ces mêmes juifs. Et parce qu'il est à la fois offensant et indigne que des chrétiens soient au service de juifs, nous appelons par cette lettre votre affection à se donner la peine d'enquêter là-dessus avec enthousiasme et sollicitude. Et si cela est jugé véridique et établi selon vous avec la clarté de la vérité, parce que ni eux ni le courrier mentionné ci-dessus ne sont en rien soumis à une chose dont ils pourraient se libérer, laissons le soin à votre enthousiasme de les libérer ; puisque nous savons que quoique vous leur offriez cela ne sera sans doute pas porté à votre crédit. C'est suite à cela qu'écrivant à Januarius, l'évêque de Cagliari, il dit, entre autres choses : nous avons appris que les esclaves des juifs ainsi que leurs servantes qui cherchent refuge à l'église en raison de leur foi sont soit rendus à leurs infidèles de maîtres, ou bien une somme est versée par leurs défenseurs afin qu'ils ne leur soient pas rendus. C'est pourquoi nous vous recommandons de ne permettre en aucune façon à cette tradition si perverse de subsister ; au contraire, lorsque des esclaves de juifs trouvent refuge dans des lieux sacrés en raison de sa foi, tu ne dois pas tolérer qu'ils subissent quelque désagrément que ce soit. Au contraire, s'ils sont déjà chrétiens ou baptisés de fraîche date ils doivent être protégés — sans qu'aucun préjudice ne soit porté au pauvre qui est chrétien — en toute liberté et par tous les moyens par le saint patronage de la piété ecclésiastique. Grégoire ne se contenta pas d'appeler les esclaves chrétiens à recouvrer leur liberté initiale ; il interdit aussi absolument aux païens en train de s'engager sur le chemin de la foi d'être vendus de façon violente. C'est suite à cela qu'écrivant à Fortunatus, évêque de Naples, il lui dit, parmi d'autres choses : votre fraternité exige que vous soyez plein de sollicitude. Et si quelqu'un asservi aux juifs, qu'il s'agisse non seulement d'un juif mais aussi de quelque païen désire être fait chrétien, une fois que son désir est clairement exprimé, il ne doit pas y avoir de raison de le vendre à un juif quel que soit le prétexte ou l'argument. Mais tu dois rendre sa liberté à celui qui est impatient d'embrasser la foi chrétienne de quelque manière que ce soit et en bénéficiant de ton soutien et de ta protection. Mais ceux qui doivent rendre leurs esclaves, pour éviter qu'ils ne croient que leurs privilèges aient été réduits de façon irraisonnable, il convient que vous vous assuriez avec attention et sollicitude que s'il arrivait que des païens qu'ils avaient achetés en provenance de terres étrangères dans le but d'en faire commerce se réfugient à l'église en disant qu'ils veulent devenir chrétiens ou même s'ils émettent ce désir en dehors de l'église dans un délai de trois mois alors qu'on a trouvé un acheteur auquel ils doivent être vendus, alors les juifs peuvent obtenir leur argent d'un acheteur, mais d'un acheteur chrétien, naturellement. Cependant, si l'un de ces esclaves juifs fait connaître sa volonté [de se convertir] et souhaite devenir chrétien après les trois mois requis, nul ne pourra l'acheter par la suite et le maître ne devra pas avoir l'audace de le vendre quels que soit prétexte et occasion. [Cet esclave] devra au contraire recevoir la récompense qu'est la liberté. Parce qu'il est clair que cet homme n'avait pas été retenu captif pour être vendu mais pour servir. En aucune façon [Grégoire] n'a rappelé à la foi les esclaves païens qui avaient précédé les juifs, leurs maîtres donc, au service de ces derniers, même s'ils les suivaient dans le christianisme. C'est suite à cela qu'il écrivit à Jean, l'évêque de Syracuse : Félix, dit-il, le porteur des affaires présentes a déploré devant nous la chose suivante : né de parents chrétiens — c'est même étrange à dire — il n'en a pas moins été donné à un Samaritain par un certain chrétien. Et alors que pas plus la loi que le respect dû à la religion n'autorisent les individus adhérant à cette superstition de posséder des esclaves chrétiens, il affirme qu'il est resté à son service durant dix-huit ans. Mais parce qu'on dit que le fils de ce même Samaritain est devenu chrétien cinq ans plus tard et qu'il y a des gens maintenant qui s'efforcent de soumettre le Félix susmentionné au service de son fils. Et si une fois les choses ainsi établies, il s'avèrera difficile de le protéger et de lui épargner toute oppression, quel qu'en soit le prétexte. Comme la loi interdit aux esclaves appartenant à une secte superstitieuse qui ont précédé leurs maîtres dans la foi d'être rappelés au service de ceux-ci, raison de plus pour cet homme né de parents chrétiens et devenu chrétien dans son enfance de ne pas avoir à supporter de quelque façon que ce soit cette situation déplorable, surtout parce qu'il lui est impossible d'être l'esclave du père.

Source traduction française

L. Foschia

Résumé et contexte

Comme son prédécesseur, ce chapitre qui inclut à la fois le commentaire et les décrétales dérive de la the Vita S. Gregorii de Jean le Diacre. Ces décrétales rappellent l'interdiction faite aux juifs de posséder des esclaves chrétiens et demandent respectueusement aux chrétiens de racheter ces esclaves, de protéger les esclaves chrétiens ou ceux qui ont l'intention de se convertir s'ils trouvent refuge dans une église et de permettre aux commerçants juifs de vendre les esclaves qui se convertissent dans les trois mois qui suivent la vente.

Signification historique

Voir [Collectio Gerhardi] 3.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Codex Guelferbytanus 83.21, Augusteus 2˚, fol. 161r-169v.

Editions

  • Der Brief des Priesters Gerhard an den Erzbischof Friedrich von Mainz, F. Lotter, ed. (Sigmaringen, 1975), 114-16.

Traductions

  • A.Linder, ed. & transl., The Jews in the Legal Sources of the Middle Ages (Detroit: Wayne State University, 1997), 626-29.

Etudes

  • A.Linder, The Jews in the Legal Sources of the Middle Ages (Detroit: Wayne State University, 1997).
  • Der Brief des Priesters Gerhard an den Erzbischof Friedrich von Mainz, F. Lotter, ed. (Sigmaringen, 1975).

Mots-clés

affranchissement ; conversion ; conversion au christianisme ; esclaves ; Juifs/Judaïsme

Auteur de la notice

Jessie   Sherwood

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°137017, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait137017/.

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