Summa Decretorum, C. 28, q. 1, c. 13
La convivialité entre juifs et chrétiens
Nullus usque azima cuius nomine, quilibet cibus intelligitur fit autem haec prohibitio non propter cibi inmundicia, sed intestationem et hodium iudaice supersticionis sed queritur cum in colloquio, non sit nobis interdicta, iudeorum communio, cur in conuiuio prohibetur. Sed forte huiusmodi consideratio causam dedit edicto quia in conuiuio maior quam in colloquio, solet familiaritas contrahi uel ideo ab infidelium colloquio fidelis prohiberi non debuit, quia alter non posset eum lacrifacere christo. Vt supra C XXIII. q. IV. Infideles.
Paris, Bibliothèque nationale de France, MS lat. 3934A, fol. 92v.
"Personne" jusqu'à "pain azyme", nom sous lequel tout type de nourriture est entendu : cependant, cette interdiction n'est pas à cause de la saleté de la nourriture, mais de l'horreur et de la haine pour la superstition juive. Mais, il est demandé pourquoi, quand la compagnie des juifs ne nous est pas interdit dans la conversation, elle l'est dans la convivialité. Peut-être, un examen de cela est la raison de cet édit : parce que dans la convivialité plus que dans une conversation, la familiarité est de coutume, ou parce que le fidèle ne doit pas être exclu de la conversation de infidèles car ils ne pourrait pas autrement amener l'infidèle au Christ. Comme ci-dessus C. 23, q. 4 Infidèles. 1
1 . N.B. Simon ne semble pas discuter de ce canon dans son Summa.
Y. Masset
Les chrétiens ne devaient pas, selon l'explication sommaire de Simon du canon 11 du deuxième concile de Trullo, manger avec les juifs, non pas parce que leur nourriture était impure, mais en raison du mépris pour le judaïsme. Les chrétiens étaient, néanmoins, autorisés à converser avec les juifs. Simon postule que cette apparente contradiction est due soit à la plus grande intimité qui est induite par le partage d'un repas, ou l'espoir de convertir le non-chrétien.
Il ressort de ce texte et d'autres commentaires, quelles que soient les affirmations contraires, le Decretum de Gratien n'a pas entièrement réussi à rendre cohérent le vaste corpus de droit canonique. Les commentateurs comme Simon ont cherché et ont réussi à harmoniser les conflits que le Decretum n'avait pas réglés, comme le sont les réflexions bien diverses autour de l'idée de manger avec les juifs ou avec d'autres non-chrétiens, et de parler avec les juifs. Selon Freidenreich, la contribution de Simon à l'évolution de la discussion des décrétistes à propos de la commensalité était la distinction faite entre la conversation et la commensalité, cherchant ainsi à expliquer pourquoi les chrétiens pouvaient parler avec les juifs, mais pas manger avec eux. Cf. le commentaire Summa Decretorum [D. 45, c. 5]
Notice n°136999, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait136999/.