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Lettre [51 ]

Auteur

Julianus

Titre en français

Lettre

Titre descriptif

Les juifs seront désormais exemptés de certains impôts comme l'or coronaire

Type de texte

Lettre

Texte

Ἰουδαίων τῷ κοινῷ Πάνυ ὑμῖν φορτικώτατον γεγένηται ἐπὶ τῶν παρῳχηκότων καιρῶν τῶν ζυγῶν τῆς δουλείας τὸ διαγραφαῖς ἀκηρύκτοις ὑποτάττεσθαι ὑμᾶς καὶ χρυσίου πλῆθος ἄφατον εἰσκομίζειν τοῖς τοῦ ταμιειόυ λόγοις·ὧν πολλὰ μὲν αὐτοψεὶ ἐθεώρουν, πλείονα δὲ τούτων ἔμαθον εὑρὼν τὰ βρέβια τὰ καθ᾽ὑμῶν φυλαττόμενα. Ἔτι δὲ καὶ μέλλοθσαν πάλιν εἰσφορὰν καθ᾽ὑμῶν ἐν τοῖς ἐμοῖς σκρινίοις ἀποκείμενα, ὡς μηκέτι δύνασθαι καθ᾽ ὑμῶν τινὰ τοιαύτην ἀκοντίζειν ἀσεβείας φήμην. Καὶ τούτων μὲν ὑμῖν οὐ τοσοῦτον αἴτιος κατέστη ὁ τῆς μνήμης ἄξιος Κωνστάντιος ὁ ἀδελφός, ὅσον οἱ τὴν γνώμην βάρβαροι καὶ τὴν ψυχὴν ἄθεοι, οἱ τὴν τούτου τράπεζαν ἑστιώμενοι, οὕς ἐγὼ μὲν ἐν χερσὶν ἐμαῖς λαβόμενος εἰς βόαρον ὤσας ὤλεσα, ὡς μηδὲ μνήμην ἔτι φέρεσθαι παρ᾽ἡμῖν τῆς αὐτῶν ἀπωλείας. Ἐπὶ πλέον δὲ ὑμᾶς εὐωχεῖσθαι βουλόμενος, τὸν ἀδελφὸν Ἴουλον, τὸν αἰδεσιμώτατον πατριάρχην, παρῄνεσα καὶ τὴν λεγομένην εἶναι παρ᾽ ὑμῖν ἀποστολὴν κωλυθῆναι, καὶ μηκέτι δύνασθαι τὰ πλήθη ὑμῶν τινὰ ἀδικεῖν τοιαύταις φόρων εἰσπράξεσιν, ὡς πανταχόθεν ὑμῖν τὸ ἀμέριμνον ὑπάρχειν ἐπὶ τῆς ἐμῆς βασιλείας, ἵνα ἀπολαύοντες εἰρήνης ἔτι μείςονας εὐχὰς ποιῆσθε ὑπὲρ τῆς ἐμῆς βασιλεὶας τῷ πάντων κρείττονι καὶ δημιουργῷ θεῷ, τῷ καταξιώσαντι στέψαι με τῇ ἀχράντῳ αὐτοῦ δεξιᾷ. Πέφθκε γὰρ τοὺς ἔν τινι μερίμνῃ ἐξεταζομένους περιδεῖσθαι τὴν διάνοιαν καὶ μὴ τοσοῦτον εἰς τὴν προσευχὴν τὰς χεῖρας ἀνατείνειν τολμᾶν, τοὺς δὲ πανταψόθεν ἔχοντας τὸ ἀμέριμνον ὁλοκλήρῳ ψυχῇ χαίροντας ὑπὲρ τοῦ βασιλείου ἱκετηρίους λατρεὶας ποιεῖσθαι τῷ μείζονι, τῷ δυναμένῳ κατευθῦναι τὴν βασιλεὶαν ἡμῶν ἐπὶ τὰ κάλλιστα, καθάπερ προαιρούμεθα. Ὅπερ χρὴ ποιεῖν ὑμᾶς, ἵνα κἀγὼ τὸν τῶν Περσῶν πόλεμον διορθωσάμενος τὴν ἐκ πολλῶν ἑτῶν ἐπιθυμουμένην παρ᾽ὑμῶν ἰδεῖν οἰκουμένην πόλιν ἁγίαν Ἱερουσαλὴμ ἐμοῖς καμάτοῖς ἀνοικοδομήσας οἰκίσω καὶ ἐν αὐτῇ δόξαν δῶ μεθ᾽ ὑμῶν τῷ κρείττονι.

Langue

Grec

Source du texte original

Epistulae, 51 (Hertlein, n° 25), éd. W.C. Wright (Londres: Loeb, 19##), 176-181.

Datation

  • Date fixe : 01/03/363

Aire géographique

Traduction française

Le pire fardeau que le joug de l'esclavage a fait peser sur vos épaules par le passé c'est que vous étiez soumis au paiement de taxes illégales et obligés de verser dans les caisses du Trésor une indicible quantité d'or. Je me suis rendu compte de bien des aspects de cette affaire par moi-même ; mais j'ai appris beaucoup plus en découvrant les listes d'imposition qu'on conservait à votre insu. Bien plus, j'ai interdit que vous fussiez de nouveau soumis à un impôt, j'ai fait en sorte de mettre un terme à l'impiété résultant d'une telle infamie et j'ai jeté au feu les listes qui avaient été dressées contre vous dans mes bureaux, afin que nul ne pût vous taxer de l'infâme réputation d'athéisme. Mon frère Constance (II) de digne mémoire est moins coupable de ce qui a été fait contre vous que ne le sont ces âmes barbares et esprits sans Dieu qui ont partagé sa table : ceux-là je les ai capturés, jetés dans un puits et éliminés afin que ne subsiste pas même le souvenir de leur destruction à nos côtés dans le futur. Vous souhaitant de vous porter encore mieux, j'ai recommandé à mon frère Julus, le patriarche le plus vénérable, que ce que vous appelez "l'[or] apostolaire" fût supprimé et qu'à l'avenir nul ne pût causer des dommages à l'immense peuple que vous formez en vous réclamant à l'avenir des impôts de ce type afin que vous soyez libres des soucis de toutes sortes durant mon règne et que, jouissant de la paix, vous adressiez des prières encore plus grandes, en faveur de mon règne, à Dieu, le plus grand de tous, le Créateur, lui qui m'a jugé digne d'être couronné de sa main droite immaculée. Car il est naturel que ceux qui ont un souci soient préoccupés et n'osent pas lever leurs mains pour la prière ; ceux qui, en revanche, sont entièrement libres de toute inquiétude, le coeur plein de réjouissance, accomplissent les rites de supplication en faveur de mon pouvoir impérial auprès du Très Grand, lui qui a le pouvoir d'orienter mon règne pour le meilleur, conformément à ma volonté. C'est cela que vous devez faire afin qu'une fois remportée la victoire contre les Perses, je rebâtisse moi-même et rétablisse à mes frais la cité sacrée de Jérusalem que vous attendez depuis longtemps de voir rétablie ; c'est dans cette cité que j'honorerai le Très Grand avec vous.

Source traduction française

L. Foschia

Résumé et contexte

D'après A. Linder, cette déclaration, adressée à tous les juifs vivant dans l'empire romain, fut probablement promulguée à Antioche au début du mois de mars 363, sans doute après consultation de représentants des différentes communautés juives. Ce texte a été conservé dans un corpus de lettres rédigées par l'empereur Julien. Dans cette déclaration publique, Julien annonce trois mesures pratiques concernant tous les juifs de l'empire : 1) l'abolition des dettes impayées qui remontaient à des impôts illégaux imposés autrefois aux juifs et la suppression d'un nouvel impôt du même type ; 2) la recommandation faite au patriarche Hillel II de mettre fin à ce que l'on appelait l'"or coronaire" (ou "taxe apostolique") ; 3) la restauration du Temple de Jérusalem et celle du culte sacrificiel.

Signification historique

L'authenticité de ce texte est sujette à caution. Comme l'indique A. Linder, Heyler fut le premier à douter. À sa suite, Vogt estime que nous avons là un faux élaboré au début du Ve siècle par un juif "doté d'une éducation néoplatonique". Mettant également en avant des impossibilités linguistiques (en confrontant ces lignes avec les autres oeuvres connues de Julien), Vogt considère que l'attitude très favorable aux juifs de l'auteur de cette déclaration (qui traite notamment le patriarche des juifs de "frère" !) est difficile à attribuer à Julien. Ces arguments ont été entièrement réfutés par Hack, Levy et Stern qui ont en particulier montré combien les arguments ici développés correspondaient avec les idées politico-religieuses du dernier empereur païen. Ce texte témoigne en effet de la volonté qu'avait Julien d'intégrer le judaïsme dans une sorte de grande religion pagano-impériale, sacrificielle, apte à repousser les assauts du christianisme. La reconstruction du Temple de Jérusalem à laquelle il est fait allusion à la fin du texte constituait sans doute le point d'orgue de cette stratégie julienne même si la brièveté du règne de l'empereur n'a pas permis à ce projet d'aboutir. Les auteurs chrétiens qui ont relaté les premières étapes de la reconstruction ont donné un luxe de détails et ont notamment montré comment une série de catastrophes mi-naturelles mi-divines (séisme, incendie, maladies, ...) avaient mis un coup d'arrêt définitif à des travaux auxquels une multitude de juifs enthousiastes avaient eux-mêmes commencé à participer. L'historicité de la reconstruction du Temple est cependant problématique : les sources sont minces, les informations archéologiques très difficiles à interpréter et les textes rabbiniques en particulier extrêmement silencieux (voir bibliographie).

Editions

  • Epistulae 51 (Hertlein, n° 25), éd. W.C. Wright, p. 176-181.

Traductions

  • A.Linder, The Jews in Roman imperial legislation (Detroit, 1987), 157-158.

Etudes

  • Heyler, Juliani Imperatoris quae Feruntur Epistolae (Mayence, 1828).
  • J.Bidez, La vie de l'empereur Julien (Paris, 1930), 305-309.
  • F. Blanchetière, « Julien. Philhellène, Philosémite, Antichrétien. L'Affaire du Temple de Jérusalem (363) », Journal of Jewish Studies 31 (1980), 61-81.
  • levy
  • M.Adler, « The Emperor Julian and the Jews », Jewish Quarterly Review 5 (1893), 615-651.
  • M. Hack, « Remarks on "Julianus and the Building of the Temple" », Zion 6 (1940-41), 157-158 (en hébreu).
  • M.Hack, « Is Julian's Declaration a Forgery? », Yavneh 2 (1939), 118-139.
  • J.Vogt, Kaiser Julian und das Judentum (Leipzig, 1939), 64-68.
  • stern

Mots-clés

Impôt ; Juifs/Judaïsme ; Julien ; Taxe

Auteur de la notice

Laurence   Foschia

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°136252, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait136252/.

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