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Codex Theodosianus [9.16.4]

Auteur

Theodosius II

Constantius II

Titre en français

Code Théodosien

Titre descriptif

Interdiction de la magie, de l'astrologie et de la divination

Type de texte

Constitution romaine

Texte

Imp. Constantius a. et Iulianus c. ad populum Nemo haruspicem consulat aut mathematicum, nemo hariolum. Augurum et uatum praua confessio conticescat. Chaldaei ac magi et ceteri quos maleficos ob facinorum magnitudinem uulgus appellat nec ad hanc partem aliquid moliantur. Sileat omnibus perpetuo diuinandi curiositas. Etenim supplicium capitis feret gladio ultore prostratus, quicumque iussis obsequium denegaverit. Dat. VIII. kal. febr. Mediolano, Constantio a. IX. et Iuliano caes. II. coss. Interpretatio. Quicumque pro curiositate futurorum vel invocatorem daemonum vel divinos, quos hariolos appellant, uel haruspicem, qui auguria colligit, consuluerit, capite punietur.

Langue

Latin

Source du texte original

Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Datation

  • Date fixe : 25/01/357
  • Précisions : 25.I.357 (date de promulgation de la loi); 438 (date de promulgation du code).

Aire géographique

Traduction française

L'empereur Constance Auguste au peuple. Nul ne doit avoir recours à un haruspice, à un astrologue, ni à un devin. La maudite secte des augures et devins doit devenir silencieuse. Les Chaldéens, les magiciens et tous ceux que le peuple qualifie d'enchanteurs à cause de l'ampleur de leurs crimes ne doivent rien entreprendre pour cette cause. Que l'envie de deviner l'avenir disparaisse pour tous et pour toujours. Quiconque désobéira à ces ordres subira la peine capitale ; c'est le glaive vengeur qui la lui administrera. Donné le 8e jour avant les calendes de février à Milan l'année du 9e consulat de Constance Auguste et du 2e consulat de Julien César.— 25 janvier 357. Interprétation : Quiconque, poussé par le désir de connaitre le futur, consultera soit quelqu'un qui invoque les démons soit ces prophètes qu'ils appellent devins ou un haruspice collecteur d'augures sera soumis à la peine capitale.

Source traduction française

L. Foschia, 15 octobre 2010.

Résumé et contexte

Cet édit fait partie, au sein du Code théodosien du livre 9, chapitre 16 intitulé : "Magiciens, astrologues et autres criminels de la même espèce". Adressé au peuple (de Rome), il vise à interdire toutes les pratiques divinatoires, à savoir la magie, l'astrologie et la célébration de sacrifices à but consultatif. Il faut replacer cet édit dans le contexte particulier du IVe siècle où règne une véritable terreur de la magie (voir bibliographie). La magie est condamnée pour elle-même mais aussi parce qu'elle est assimilée nettement à une pratique païenne.

Signification historique

Ce genre de pratiques eut la vie dure, comme en témoigne la répétition, dans le livre 9 du CTh, des textes de lois qui les condamnent. Nous connaissons par d'autres sources des exemples de ces persistences. Ainsi, au procès de Scythopolis (= Beit She'an, au Nord d'Israël, sur le Jourdain) en 359, un nommé Demetrius avoue avoir célébré des sacrifices mais seulement dans le but d'honorer les dieux et non pas pour connaître l'avenir. Il fut donc acquitté. Ce n'était pas le sacrifice en lui-même qui était interdit mais la consultation à des fins divinatoires des viscères ("exta") des victimes (Ammien, Histoire, XIX, 12, 12). L'empereur Julien pratiquait lui-même en secret des sacrifices consultatoires, en Gaule par exemple (Julien, Ep. 26 ; Libanius, Or. XIII, 14 ; Ammien, Histoire, XXI, 2, 2-4 et 5, 1 ; Zosime, Histoire nouvelle, III, 1-2 ; Eunape, Vie des Sophistes, 7, 3, 8). Rappelons que cela se passe avant 363, année de sa mort, donc à la fin du IVe siècle. On appelle "mathematici" (CTh. 16, Sources chrétiennes 498, n. 1 p. 329), mages ou Chaldéens les astrologues qui tirent les horoscopes (Augustin, De diuersis quaestionibus , 45, 1-2 : « ceux qui prétendent soumettre nos actes aux corps célestes »). Sur la question des maléfices, on trouvera utile de se reporter à : S. Taubenschlag, « Maleficium », Real. Encycl. XIV (1), (1928), col. 870-875. Cet édit sera repris dans Brev. 9.13.2.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Editions

  • Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Traductions

  • A. Chastagnol, Le Bas-Empire (Paris, 1991, 3e éd.), 155.
  • L. Foschia, 15 octobre 2010.
  • Les Lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II, 312-438, Vol. II : Code Théodosien I-XV, Code Justinien, Constitutions Sirmondiennes, Réédition du texte de Th. Mommsen, avec traduction française de Jean Rougé et Roland Delmaire, et notes de Roland Delmaire. Sources chrétiennes, 531 (Paris, 2009), 143.

Etudes

  • A. Barb, "The Survival of Magic Arts", in A. Momigliano, éd., The Conflict between Paganism and Christianity in the fourth Century (Oxford, 1963), 102-106.
  • D. Briquel, Chrétiens et haruspices. La religion étrusque, dernier rempart du paganisme romain (Paris, 1997), 165.
  • C. Castello, "Cenni nella repressione del reato di magia dagli inizi del principato fine a Costanzo II", in Atti dell'accademia romanistica costantiniana. VIII Convegno internazionale 1987 (1990), 665-693.
  • F. Cumont, Les religions orientales dans le paganisme romain (Paris, 1963) (4e éd.), 151-179 et 284-296.
  • F. Cumont, Astrology and religion among the Greeks and Romans (New York, 1912).
  • R. Delmaire, "La législation sur les sacrifices au IVe siècle. Un essai d'interprétation", (Nouvelle) Revue Historique de Droit français et étranger 82 (2004), 319-333.
  • L. Desanti, Sileat omnibus perpetuo diuinandi curiositas. Indovini e sanzioni nel diritto romano (Milan, 1990) (Pubbl. della Fac. di giurisprudenzia dell'Univ. di Ferrara, 2e s., 26), 147-149.
  • J. Gaudemet, L'Eglise dans l'Empire romain (IVe-Ve siècles) (Paris, 2e éd., 1990), 644-647.
  • D. Grodynski, "Par la bouche de l'empereur", in Divination et rationalité (Paris, 1974), 267-294.
  • F. Heim, "Les auspices publics de Constantin à Théodose", Ktéma 13 (1988), 41-53.
  • F. Martroye, "La répression de la magie et le culte des gentils au IVe siècle", RHD (1930), 669-701.
  • E. Massoneau, Le crime de magie et le droit romain (Paris, 1933), 47-57.
  • J. Maurice, "La terreur de la magie au IVe siècle", RHD (1927), 108-120.
  • S. Montero, Politica y adivinacion en el Bajo Imperio Romano : emperadores y haruspices (193 D.C.-408 D.C.) (Bruxelles, 1991), 82-87.
  • J. Ter Vrugt-Lenz, "Das Christentum und die Leberschau", Vigiliae Christianae 25 (1971), 17-28.
  • J. Toutain, Les cultes païens dans l'Empire romain, II (Paris, 1911), 179-226.

Mots-clés

astrologie ; divination ; magie ; paganisme

Auteur de la notice

Laurence   Foschia

Comment citer cette notice

Notice n°1115, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait1115/.

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