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Codex Theodosianus [16.10.5]

Auteur

Theodosius II

Titre en français

Code théodosien

Titre descriptif

Interdiction des sacrifices nocturnes préalablement autorisés par Magnence

Type de texte

Constitution romaine

Texte

Idem A. (Constantius II) ad Cerealem P(raefectum) U(rbi). Aboleantur sacrificia nocturna Magnentio auctore permissa et nefaria deinceps licentia repellatur. Et cetera. Dat. VIIII kal. dec. Constantio A. VI et Caes. II conss.

Langue

Latin

Source du texte original

Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Datation

  • Date fixe :
  • Précisions : 23.XI.353 (date de promulgation de la loi); 438 (date de promulgation du code).

Aire géographique

Traduction française

Le même Auguste (Constance II) à Cerealis, préfet de la Ville. Que soient abolis les sacrifices nocturnes permis par la décision de Magnence et qu'à l'avenir, cette liberté impie soit repoussée. Etc. Donné le 9 des calendes de décembre sous le consulat de Constance Auguste pour la 6e fois et de (Constance) César pour la 2e fois (23 novembre 353).

Source traduction française

L. Foschia, Le polythéisme grec dans l'Antiquité tardive : étude des cultes et sanctuaires de Grèce continentale (fin du IIIe-VIIe siècle). Thèse de doctorat inédite soutenue à Paris IV en 2006.

Résumé et contexte

Si l'on interdit ici les sacrifices nocturnes, c'est parce qu'ils étaient secrets et pouvaient s'avérer "antisociaux". Ils tenaient en quelque sorte de la "superstitio", i. e. de rituels païens d'une part excessifs, d'autre part échappant à toute surveillance officielle, de la part des fonctionnaires impériaux. Ils sont condamnés car incontrôlables. L'empereur usurpateur Magnence (352), partisan du paganisme, avait dû autoriser ces pratiques, même si les textes de lois en question ne sont pas parvenus jusqu'à nous. L'ensemble de ses actes avait déjà été aboli le 6 septembre 353 (9, 38, 2). C'est par inattention que les rédacteurs ont mis le nom de Magnence dans cette constitution sans tenir compte de sa damnatio memoriae.

Signification historique

Fl. Magnus Magnentius (PLRE I, 532) est un prince d'origine germanique et de religion païenne. Devenu protecteur puis comte des affaires militaires avant 350, il devait commander les légions palatines stationnées en Italie. Proclamé Auguste en janvier 350 par des conjurés dirigés par le "comes rerum priuatarum" Marcellin, il est contraint au suicide en 353. Les problèmes posés par la célébration de sacrifices nocturnes étaient loin d'être inédits. Sans remonter au scandale des Bacchanales en 186 av. J.-C., rappelons que Cicéron condamnait les rites nocturnes, spécialement ceux qui admettaient des femmes (De Legibus II, 9, 14-15). En prétextant des dérives et même des crimes liés aux fêtes en l'honneur de Bacchus, il semble que le Sénat ait monté soigneusement une affaire apte à provoquer le scandale et à justifier la condamnation des initiés. Les Bacchanales suscitaient la réprobation des Romains à cause du caractère trop exotique et "non-conformiste" des cérémonies de cette secte orientale, mais aussi parce qu'elles mettaient en pratique un renversement de l'ordre social jugé dangereux par les autorités qui s’efforçaient de faire de la religion un élément de cohésion. De plus, les règles cultuelles de ces associations privées s'opposaient à celles de la religion publique. À partir de 186, la célébration du culte bachique devient sévèrement contrôlée.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Editions

  • Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Traductions

  • A. Chastagnol, La fin du monde antique (Paris, 2e éd., 1991), 154.
  • L. Foschia, Le polythéisme grec dans l'Antiquité tardive : étude des cultes et sanctuaires de Grèce continentale (fin du IIIe-VIIe siècle). Thèse de doctorat inédite soutenue à Paris IV en 2006. À paraître chez Brill (Leiden-Boston).
  • Le Code théodosien, Livre XVI, et sa réception au moyen âge, texte latin de l'édition Mommsen et traduction française ; introduction, notes et index par Élisabeth Magnou-Nortier. Sources canoniques, 2 (Paris, Cerf, 2002), 371-373.
  • Les Lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II, 312-438, Vol. I : Code Théodosien, Livre XVI. Réédition du texte de Th. Mommsen, avec traduction française de Jean Rougé et notes de Roland Delmaire. Sources chrétiennes, 497 (Paris, 2005), 433.

Etudes

  • Bacchanales. Actes des colloques Dionysos de Montpellier (1996-1998), P. Sauzeau, éd. (Montpellier, 2000).
  • L. De Giovanni, Chiesa e stato nel codice Teodosiano. Alle origini della codificazione in tèma di rapporti chiesa-stato (Naples, 2000), 129.
  • H. Leppin, "Constantius II und das Heidentum", Athenaeum 87 (1999), 466-468.
  • J.M. Pailler, "Les Bacchanales, du scandale exemplaire à l'improbable affaire", in L. Boltanski et al., eds., Affaires,scandales et grandes causes (Paris, 2007), 41-57.

Mots-clés

paganisme ; sacrifice ; superstition

Auteur de la notice

Laurence   Foschia

Collaborateurs de la notice

Jessie   Sherwood  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°1111, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait1111/.

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