Nom de la loi

Loi Helvia (?) sur les mariages de C. Iulius Caesar

Date

44 av. J.-C.

Rogator

C. Helvius Cinna

Thèmes

Sources

Suet., Iul., 52, 5
Heluius Cinna tr. pl. plerisque confessus est habuisse se scriptam paratamque legem, quam Caesar ferre iussisset cum ipse abesset, uti uxores liberorum quaerendorum causa quas et quot uellet ducere liceret
 - Dio, 44, 7, 3
ἀμέλει καὶ γυναιξὶν ὅσαις ἂν ἐθελήσῃ συνεῖναί οἱ ἐτόλμησάν τινες ἐπιτρέψαι, ὅτι πολλαῖς καὶ τότε ἔτι, καίπερ πεντηκοντούτης ὤν, ἐχρῆτο. ἕτεροι δέ, καὶ οἵ γε πλείους, ἔς τε τὸ ἐπίφθονον καὶ ἐς τὸ νεμεσητὸν προάγειν αὐτὸν ὅτι τάχιστα βουλόμενοι τοῦτ᾽ ἐποίουν, ἵνα θᾶσσον ἀπόληται

Bibliographie

  • Rein, Criminalrecht, 857
  • Lange, RA, 2, 715 ; 3, 481
  • Rotondi, LPR, 428-429
  • Meyer, Caesars Monarchie3, 525-526
  • Syme, R., c. r. de Gelzer, JRS, 34, 1944 (= Roman Papers, 1, 168)
  • Balsdon, J. P. V. D., « The Ides of March », Historia , 7, 1958, 80-94
  • Gelzer, Caesar6, 300
  • Carcopino, J., Les étapes de l' impérialisme romain, Paris, 1961, 169
  • Thommen, Volkstribunat, 102 et 104.

Commentaire

Selon Suét., César aurait ordonné à C. Heluius Cinna, tr. pl. 44, de proposer après son départ de Rome une loi lui permettant de prendre autant d’épouses qu’il le voudrait et de quelque statut qu’elles fussent (Suet.,Iul. 52, 5quas et quot ; uxores liberorum quaerendorum causa signifie simplement "épouses légitimes", et n’implique pas que ce projet faisait mention expresse de la procréation comme but de ces unions, malgré les traductions de Meyer, 525, Gelzer, et Thommen, 104 n. 95) : il se serait donc agi, selon cette présentation, d’une dispense des règles du droit civil, en particulier de celles qui déterminaient la légitimité des enfants (cf. Cic., De or. 1, 183Quid ? De libertate, quo iudicium grauius esse nullum potest, nonne ex iure ciuili potest esse contentio, cum quaeritur, is, qui domini uoluntate census sit, continuone, an, ubi lustrum sit conditum, liber sit ? Quid ? Quod usu memoria patrum venit, ut paterfamilias, qui ex Hispania Romam uenisset, cum uxorem praegnantem in prouincia reliquisset, Romae alteram duxisset neque nuntium priori remisisset, mortuusque esset intestato et ex utraque filius natus esset, mediocrisne res in contentionem adducta est, cum quaereretur de duobus ciuium capitibus et de puero, qui ex posteriore natus erat, et de eius matre, quae, si iudicaretur certis quibusdam uerbis, non nouis nuptiis fieri cum superiore diuortium, in concubinae locum duceretur ? ; plutôt que des "lois sur le mariage", Lange, 3,481), puisque la bigamie de l'homme n’était apparemment pas réprimée pénalement par une loi sous la République (Mommsen, Strafr., 701), et d’une exception dans l’édit du préteur frappant d’infamie les bigames (voir Rein et E. Volterra, « Per la storia del reato di bigamia in diritto romano », Studi ... U. Ratti, Milan, 1934, 389, 419). Les vers de Laberius, 63-64 Ribb.Verba Laberi haec sunt : Duas uxores ? Hercle plus negoti est, inquit cocio : Sex aediles uiderat.avec le commentaire de C. Panayotakis, Decimus Laberius. The Fragments, Cambridge, 2010, p. 300-307 (pour la datation et l’interprétation)., font peut-être allusion à ce projet.

La version donnée par Dio ne dit rien de Cinna et mentionne ce projet comme une aberration due à un excès d'adulation ou à une provocation d’ennemis de César (explication acceptée par Balsdon, 85-86). Dio ne fait état que d’une permission d’entretenir des relations sexuelles hors mariage (συνεῖναι, qui désigne chez Dio des unions adultères : Dio, 42, 44, 2φοβηθεὶς μέντοι μὴ οἱ Αἰγύπτιοι νεωτερίσωσιν αὖθις γυναικὶ ἄρχειν παραδοθέντες, καὶ οἱ Ῥωμαῖοι διά τε τοῦτο καὶ ὅτι καὶ συνῆν αὐτῷ χαλεπήνωσι, τῷ τε ἑτέρῳ ἀδελφῷ συνοικῆσαι δῆθεν αὐτὴν ἐκέλευσε, καὶ τὴν βασιλείαν ἀμφοτέροις σφίσιν, ὥς γε καὶ λόγῳ, à propos de César et Cléopâtre ; Dio, 54, 19, 3καί τινες καὶ διὰ τὴν Τερεντίαν τὴν τοῦ Μαικήνου γυναῖκα ἀποδημῆσαι αὐτὸν ὑπετόπησαν, ἵν᾽ ἐπειδὴ πολλὰ περὶ αὐτῶν ἐν τῇ Ῥώμῃ ἐλογοποιεῖτο, ἄνευ θροῦ τινὸς ἐν τῇ ἀλλοδημίᾳ αὐτῇ συνῇ: ; Dio, 59, 22, 6τοῦτο δὲ τὸν Λέπιδον ἐκεῖνον τὸν ἐραστὴν τὸν ἐρώμενον, τὸν τῆς Δρουσίλλης ἄνδρα, τὸν καὶ ταῖς ἄλλαις αὐτοῦ ἀδελφαῖς τῇ τε Ἀγριππίνῃ καὶ τῇ Ἰουλίᾳ μετ᾽ αὐτοῦ ἐκείνου συνόντα, ᾧ πέντε ἔτεσι θᾶσσον τὰς ἀρχὰς ; Dio, 60, 22, 5καὶ οὕτως εἰπόντος αὐτῷ τοῦ Κλαυδίου πάνθ᾽ ὅσα ἂν προστάττηται ὑπὸ τῆς Μεσσαλίνης ποιεῖν, συνῆν αὐτῇ ὡς καὶ τοῦθ᾽ ὑπ᾽ ἐκείνου κεκελευσμένος, ou incestueuses ; Dio, 59, 11, 1τῇ δὲ Δρουσίλλῃ συνῴκει μὲν Μᾶρκος Λέπιδος, παιδικά τε ἅμα αὐτοῦ καὶ ἐραστὴς ὤν, συνῆν δὲ καὶ ὁ Γάιος ; cf. le rappel par Dio des nombreuses liaisons de César : ἐχρῆτο). Les historiens qui acceptent la version de Suétone (sans toujours la différencier de celle de Dio) la rapportent à un projet de mariage de César, époux de Calpurnia, avec Cléopâtre (Lange, Rotondi, Meyer), mais Carcopino, et plus nettement Gelzer et Syme, mettent en doute son authenticité.

S’il y a quelque réalité derrière ces deux témoignages, c’est peut-être une tentative de faire accorder à César le droit de prendre légitimement une épouse pérégrine, sans doute effectivement Cléopâtre, en concédant exceptionnellement le conubium à cette femme, comme on le faisait dans le cas du mariage des vétérans, avec, dans le cas de ces derniers, une restriction : le conubium n’était accordé qu’à une seule femme par vétéran, la première femme épousée après la concession du privilège (voir la formule dumtaxat singuli singulas, quas primo duxerint, remarquablement constante entre l'époque de Claude et le milieu du IIIe s., dans Dessau, ILS, 1986 à 2010). Cette restriction n’aurait pas été imposée à César, et aurait donné lieu à une déformation de la part de ses adversaires.

Ce projet, s’il a existé, ne fut apparemment jamais promulgué.

Comment citer cette notice

Philippe Moreau et Yan Thomas. "Loi Helvia (?) sur les mariages de C. Iulius Caesar", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice416/. Date de mise à jour :28/11/14 .