Nom de la loi

Loi conférant à T. Statilius Taurus le droit de choisir chaque année un préteur

Date

30 av. J.-C.

Thèmes

Sources

Dio, 51, 23, 1
τότε μὲν δὴ ταῦθ᾽ οὕτως ἐπράχθη, τοῦ δὲ δὴ Καίσαρος τὸ τέταρτον ἔτι ὑπατεύοντος ὁ Ταῦρος ὁ Στατίλιος θέατρόν τι ἐν τῷ Ἀρείῳ πεδίῳ κυνηγετικὸν λίθινον καὶ ἐξεποίησε τοῖς ἑαυτοῦ τέλεσι καὶ καθιέρωσεν ὁπλομαχίᾳ, καὶ διὰ τοῦτο στρατηγὸν ἕνα παρὰ τοῦ δήμου κατ᾽ ἔτος αἱρεῖσθαι ἐλάμβανε

Bibliographie

  • Mommsen, Staatr., 2, 732
  • Rotondi, LPR, 440-441
  • Frei-Stolba, R., Untersuchungen zu den Wahlen in der römischen Kaiserzeit, Zürich, 1967, 84-85
  • Millar, F., « Triumvirate and Principate », JRS 63, 1973, 50-67, part. 52

Commentaire

Dion Cassius est le seul auteur qui mentionne ce privilège de « choisir (αἱρεῖσθαι) chaque année un préteur », accordé « par le peuple » (παρὰ τοῦ δήμου) à T. Statilius Taurus pour avoir fait construire à ses frais l’amphithéâtre de pierre du Champ de Mars, après l’inauguration de 30.

La portée de cette loi, dont certains ont souligné la singularité (Rotondi, 440-441, doute de son existence ; Millar parle de « curieuse anecdote »), est difficile à apprécier. Le contexte immédiat pourrait faire songer à un rapport avec les jeux qui se dérouleront pour partie dans le nouvel amphithéâtre : c’est donc le choix du préteur urbain à qui incombe l’organisation des jeux qui serait réservé à Statilius Taurus. Mais que doit-on entendre par « choix » ? Il ne fait guère de doute que le terme a le sens fort de nomination, et non de recommandation (Frei-Stolba ; les emplois du verbe αἱρεῖσθαι chez Dion le confirment), et ce privilège doit s’apprécier par rapport à la disposition de la lex Titia de 43 qui avait accordé aux triumvirs le droit de nommer tous les magistrats, et dont l’application avait conduit au dérèglement complet du système des magistratures, notamment dans les années 42 à 37 où leur attribution avait fluctué au gré des péripéties de la lutte au sommet (Frei-Stolba, Millar). C’est sans doute un droit de même nature, quoique bien plus restreint dans son étendue, qui est conféré à Statilius Taurus en 30 : Millar parle à juste titre d’une extension du patronage exercé par les triumvirs, et Frei-Stolba y voit le signe d’une institutionnalisation de la pratique poursuivie par Octave au-delà de l’expiration du triumvirat (alors que pour Mommsen la loi de 30 dérogeait à la lex Titia, qu’il considérait comme toujours en vigueur).

Que Statilius Taurus ait été le seul (à notre connaissance) à bénéficier de ce privilège tient sans doute à la volonté d’Octavien, consul cette année-là et instigateur probable de la loi, de lui manifester sa reconnaissance pour le rôle de premier plan qu’il avait joué dans les victoires de Nauloque et d’Actium, et certainement aussi pour l’achèvement de l’amphithéâtre, le premier des grands monuments qui, élevés le plus souvent à leurs frais par les grands généraux sollicités par Octave, devaient en une génération faire du Champ de Mars l’une des vitrines du nouveau régime (cf. Suet., Aug., 29, 8 multaque a multis tunc extructa sunt, sicut a Marcio Philippo aedes Herculis Musarum, a L. Cornificio aedes Dianae, ab Asinio Pollione atrium Libertatis, a Munatio Planco aedes Saturni, a Cornelio Balbo theatrum, a Statilio Tauro amphitheatrum, a M. uero Agrippa complura et egregia.). La place privilégiée occupée par Taurus dans l’entourage d’Octave, déjà attestée par les sacerdoces dont il était revêtu, fut confirmée par sa promotion à la dignité de patricien l’année suivante, puis par son second consulat, avec Auguste pour collègue, en 26.

Cependant le retour au régime normal des magistratures, amorcé dès les opérations censoriales de 29, a probablement mis fin à l’exercice du privilège concédé à Taurus. Peut-être la loi qui le lui avait conféré, et qui apparaît comme la dernière expression des irrégularités constitutionnelles du triumvirat, fut-elle abrogée, avec les autres mesures d’époque triumvirale, à la fin de 28.

Comment citer cette notice

Marianne Coudry. "Loi conférant à T. Statilius Taurus le droit de choisir chaque année un préteur", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice311/. Date de mise à jour :23/05/14 .