> Extrait

Lycophron, Alexandra, 993-1001.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Précisions : (datation incertaine)

Texte (version originale)

Ἄλλοι δὲ πρῶνας δυσβάτους Τυλησσίους

Λίνου θ᾽ ἁλισμήκτοιο δειραίαν ἄκραν,

Ἀμαζόνος σύγκληρον ἄρσονται πέδον,

δούλης γυναικὸς ζεῦγλαν ἐνδεδεγμένοι.

ἣν χαλκομίτρου θῆσσαν ὀτρηρῆς κόρης

πλανῆτιν ἄξει κῦμα πρὸς ξένην χθόνα.

ἧς ἐκπνεούσης λοῖσθον ὀφθαλμὸς τυπεὶς

πιθηκομόρφῳ πότμον Αἰτωλῷ φθόρῳ

τεύξει τράφηκι φοινίῳ τετμημένῳ.

Traduction

D'autres arriveront aux monts tylessiens infoulés et au promontoire montagneux de Linos qu'essuie la salure, au sol assigné à une Amazone, pour y endosser le joug d'une femme esclave que le flot mènera, errante, vers une terre étrangère, après que l'aura engagée l'agile fille à la ceinture d'airain, celle-là même, expirant pour la dernière fois, dont l'œil achèvera le sort de qui l'aura frappé - le sort du fléau étolien à l'allure de singe, que déchirera un épieu sanglant.

Source de la traduction

traduction Chauvin/Cusset modifiée

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Tylessos serait le nom d'une ville ou d'une montagne d'Italie (la chaîne de Sila?); Linos, qui n'est pas autrement identifiée, devait se situer dans le Bruttium (est-ce la Punta Stilo). Clètè, ancienne nourrice de Penthésilée, partit à la recherche de sa maîtresse et fut jetée par la tempête sur la côte de l'Italie méridionale et fonda la cité de Clètè, dont elle devint la reine. Penthésilée fut tuée lors du conflit troyen par Achille qui s'éprit d'elle tandis qu'elle mourait. Le Grec Thersite, pour insulter son cadavre, lui perça l'œil de sa lance suivant la version qui semble ici être retenue par Lycophron (dans l'Éthiopide d'Arctinos de Milet, Thersite ne blesse pas l'Amazone, mais est tué par Achille pour avoir raillé l'amour qui saisit le héros au moment où il la frappa). Thersite fut puni de son affront par Achille qui, dans les autres versions, le tue d'un coup de poing, mais, dans celle retenue par Lycophron et par l'auteur d'un vase italiote (voir commentaire iconographique 1) utilise un objet tranchant.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

Claude Pouzadoux - Évelyne Prioux, « Orient et Occident au miroir de l’Alexandra et de la céramique apulienne », dans C. Cusset et É. Prioux (dir.), Lycophron : éclats d’obscurité, Saint-Etienne, PUSE, 2009, p. 451-485.

Indexation

Ethnique(s):

Étolien

Mot(s)-clé(s) :

amazone; fondation

Commentaire iconographique 1

Commentaire

La version que Lycophron donne de la mort de Thersite tué par Achille pourrait éclairer la représentation unique sur un cratère apulien conservé à Boston. Ce vase montre en effet le corps de Thersite décapité (voir Cl. Pouzadoux, «Mythe et culture politique dans la peinture apulienne», dans Verso la città, p. 23-39). Alors que les autres sources signalent qu’Achille a tué Thersite d’un coup de poing, Lycophron emploie une expression laissant entendre que la mort a été provoquée par un outil pointu, un pieu tranchant. Cette version n’est pas identique à celle du vase, mais elle offre une variante qui pourrait s’en approcher. Il s'agit d'un cratère à volutes attribué à un peintre précurseur du Peintre de Darius (Boston, Museum of Fine Arts, accession number 03.804) : A. D. Trendall et A. Cambitoglou, The Red-figured Vases of Apulia, Volume II, Late Apulian, Oxford, 1982, 17/75.

Auteur du commentaire iconographique

C. Pouzadoux

Commentaire iconographique 2

Commentaire

La représentation unique de la mort de Thersite sur ce vase de Ceglie del Campo (cité supra), qui ne trouve de parallèle que chez Lycophron, attire notre attention sur le réseau de traditions mythologiques transmis par l’Apulie. La décapitation de Thersite n’est en effet pas attestée dans d’autres sources. Cette image est également fort intéressante en raison de la présence d’Étôlos, éponyme de l’Étolie. En mettant l’accent sur l’origine étolienne de Diomède, celle qui précisément intéresse l’Apulie où il s’est illustré par la fondation de centres indigènes, le cratère à volutes provenant de Ceglie del Campo révèle en Peucétie un intérêt qui précède la réactualisation du mythe par Alexandre le Molosse comme le laisserait supposer son alliance avec le roi des Apuliens de Brindes (F. Zevi, 2004, « Alessandro il Molosso e Roma », dans Alessandro il Molosso e i « condottieri » in Magna Grecia, atti del quarantatreesimo convegno di studi sulla Magna Grecia, (Taranto-Cosenza 26-30 settembre 2003), Tarente, 2004, p. 793-832, spéc. p. 828-832)? La mort de Thersite tué par Achille met en scène une crise entre clans, celui des Éacides, avec Achille, contre les Étoliens, avec Diomède, à laquelle les Atrides apportent leur arbitrage. Cette réunion de familles évoque aussi des réalités religieuses de la région : les Atrides, les Éacides et les Tydéides étaient honorés conjointement à Tarente (Ps. -Arstt., De mirab. ausc., 106 ; Lippolis E., Garaffo S. et Nafissi M., Taranto (Culti greci in Occidente. Fonti scritte e documentazione archeologica, I), Tarente, 1995, p. 219-220).

Auteur du commentaire iconographique

C. Pouzadoux

Comment citer cette notice

Texte n°828 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait828/. Première version : 20/06/10. Date de mise à jour : 23/05/14

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