> Extrait

Ménandre, Samia, 589-598 Sandbach.

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Date du texte cité

entre -325 et -290 av J.-C.

Précisions : Ménandre est né en 342 ou 341 et est mort vers cinquante ans.

Texte (version originale)

οὐκ ἀκήκοας λεγόντων, εἰπέ μοι, Νικήρατε,

τῶν τραγωιδῶν ὡς γενόμενος χρυσὸς ὁ Ζεὺς ἐρρύη

διὰ τέγους καθειργμένην τε παῖδ’ ἐμοίχευσέν ποτε;

{(Νι)} εἶτα δὴ τί τοῦτο;

{(Δη)}         ἴσως δεῖ πάντα προσδοκᾶν; σκόπει,

τοῦ τέγους εἴ σοι μέρος τι ῥεῖ.

{(Νι)}         τὸ πλεῖστον. ἀλλὰ τί

τοῦτο πρὸς ἐκεῖν’ ἐστί;

{(Δη)}         τότε μὲν γίνεθ’ ὁ Ζεὺς χρυσίον,

τότε δ’ ὕδωρ. ὁρᾶις· ἐκείνου τοὖργον ἐστίν. ὡς ταχὺ

εὕρομεν.

{(Νι)}         καὶ βουκολεῖς με.

{(Δη)}                  μὰ τὸν Ἀπόλλω, ’γὼ μὲν οὔ.

ἀλλὰ χείρων οὐδὲ μικρὸν Ἀκρισίου δήπουθεν εἶ·

εἰ δ’ ἐκείνην ἠξίωσε, τήν γε σήν —

{(Νι)}               οἴμοι τάλας·

Traduction

DÉMÉAS : Dis-moi, Nicératos, n'as-tu pas entendu les tragiques raconter comment Zeus, s'étant changé en or, se laissa couler à travers un toit, et séduisit un jour une jeune fille qu'on tenait enfermée ?

NICÉRATOS : Eh bien, après ?

DÉMÉAS : Sans doute faut-il s'attendre à tout. Regarde si ton toit a quelque gouttière.

NICÉRATOS : Il en a presque partout. Mais quel est le rapport ?

DÉMÉAS : Tantôt Zeus se transforme en or, tantôt il se transforme en eau. Tu vois ? C'est l'œuvre de Zeus. Comme nous avons trouvé vite !

NICÉRATOS : Tu te moques de moi, en plus ?

DÉMÉAS : Par Apollon, sûrement pas ! Mais tu n'es en rien inférieur à Acrisios, en rien, vraiment ! Si sa fille a plu à Zeus, la tienne...

NICÉRATOS : Hélas, pauvre de moi !

Source de la traduction

traduction I. David

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Si l'on peut penser, comme le rappelle J.-M. Jacques (dans son édition de la CUF du Dyscolos, p. 15, n. 1), que la plupart des références mythologiques que l'on trouve chez Ménandre viennent de quelque tragédie, l'emprunt n'est pas toujours explicite. Or, cet emprunt ici est bien reconnu par Déméas. Il est en revanche difficile d'identifier une tragédie précise. Sophocle et Euripide ont chacun écrit une Danaé.

Dans l'Eunuque, le Chéréa de Térence admire un tableau (c'est la seule référence térentienne à la peinture) représentant, de la même façon, Zeus séduisant Danaé sous la forme d'une pluie d'or (v. 585 sq.) : ibi inerat pictura haec, Iouem / Quo pacto Danaae misisse aiunt quondam in gremium imbrem aureum. / Egomet quoque id spectare coepi, et quia consimilem luserat / Iam olim ille ludum, impendio magis animus gaudebat mihi / Deum sese in hominem conuortisse atque in alienas tegulas uenisse clanculum per impluuium fucum factum mulieri (Il y avait là un tableau qui représentait de quelle façon Jupiter avait, selon la légende, fait tomber une pluie d'or sur le sein de Danaé. Et je me mis, moi aussi, à la regarder; et parce que le dieu avait, il y a longtemps déjà, joué un jeu similaire au mien, je prenais un plaisir d'autant plus vif à voir qu'un dieu s'était métamorphosé en homme et s'était glissé à l'insu de tous sous le toit d'autrui, par l'impluvium, pour abuser une femme).

Rédacteur du commentaire

I. David

Bibliographie

L'édition utilisée est celle de F. H. Sandbach, Menandri Reliquiae Selectae, Oxford, 1972, 1990 (2e éd.). Dans l'édition de J.-M. Jacques (Ménandre, t. I, 1, La Samienne, Paris, CUF, 1971, 1989 (2e éd.), la numérotation des vers, qui tient compte des lacunes, est la suivante : 761-770.

Indexation

Personnages(s):

Zeus; Danaé; Acrisios

Mot(s)-clé(s) :

pluie

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Du début du Ve s. av. J.-C. jusqu'au IVe s. ap. J.-C., le thème des amours de Zeus et de Danaé a été traité par les artistes grecs et romains qui, le plus souvent, montrent la jeune fille écartant son vêtement pour recevoir la pluie d'or. Les représentations attiques sont les plus nombreuses et mettent l'accent sur l'enfermement et la solitude de Danaé. La chambre close est évoquée par la kliné sur laquelle elle est assise et quelques accessoires tels que miroir suspendu au mur ou panier à laine posé sur le sol (LIMC s.v. "Danae" n° 1-6). Une hydrie de Paestum, de la deuxième moitié du IVe s. av. J.-C. (Paestum Mus. 24603 : http://www.limc-france.fr/objet/14703 ) représente la scène de façon plus explicite : Danaé, un petit Eros perché sur la kliné et plusieurs personnages féminins, lèvent les yeux vers la fenêtre d'où «coule» la pluie d'or.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14703

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 2

Commentaire

Lorsqu'il découvre la naissance de Persée, Acrisios condamne Danaé et son enfant à être jetés à la mer, enfermés dans un coffre. Il assiste à l'achèvement du coffre ou à l'exécution du châtiment sur des vases attiques du Ve s. av. J.-C. (LIMCs.v. "Akrisios" n°1-8; "Danae" n° 41-43, 47-52; http://www.limc-france.fr/objet/13562; http://www.limc-france.fr/objet/13568 ). Nous ne connaissons à ce jour de document plus tardif relatant cet épisode.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/13562

http://www.limc-france.fr/objet/13568

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°681 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait681/. Première version : 14/04/10. Date de mise à jour : 29/10/12

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