> Extrait

Anonyme, Élégie du tatouage, 2, 14-24.

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Sources

P. Brux. inv. E. 8934 + P. Sorb. Inv. 2254

Texte (version originale)

αὐτὰρ ὑπέρθ̣' ὀ̣φ̣ρ̣ύ̣ων στίξω σῦν ἀργιόδ̣ο̣ντα,

   ὅς ποτ' ἀν' Αἰτ̣[ω]λ̣ῶν ἐρχόμενος καμάτ[ους]

Ἀρτέμιδος β̣ο̣υ̣λ̣ῆισι – τὸ γὰρ φίλον ἔπλετ̣[ο] κ̣ο̣ύ̣ρ̣ηι –

   σίνετο μὲν [σῖτ]ον, σίνετο δὲ σταφυλάς,

πολλοὺς δὲ σ̣κ̣[ύλ]α̣κας θηρήτορας ἐξενά̣[ρι]ξεν,

   πρίν γ' ὅτε ο̣ἱ̣ με̣λίην πῆξεν ὐπὸ λλαπά[ρ]η̣ν

Ο̣ἰ̣ν̣εΐδη̣ς̣ Μελέαγρος · ὁ γὰρ θηρέστατος ἦεν

   πολλῶν ἡρ̣ώ̣ων σὺν τότ' ἀθροισαμένων.

ἤλ̣υθε μὲν Θη̣σεὺς Πιτθηΐδος, ἤλυθε δ' Αἴθω̣ν̣,

   ἤλυ̣θε δ' Ἀγκα̣ῖος σὺμ μεγάλω̣ι̣ πελέκει,

ἦλθον δὲ Λήδης̣ κοῦρ̣οι καὶ̣ Ζ̣ην̣ὸς̣ ἄ̣να̣κτ̣ο̣ς ̣

Traduction

par ailleurs, je tatouerai au-dessus de tes sourcils le sanglier aux défenses brillantes qui arriva jadis, par la décision d'Artémis - car tel était le bon vouloir de la jeune fille -, dans les lieux où avaient peiné les Étoliens : il ravagea les semailles, il ravagea les grappes. Il tua nombre de chiens de chasse avant que Méléagre, fils d'Œnée, ne plante sa lance en bois de frêne sous son flanc; il était en effet le meilleur chasseur parmi tous les héros qui s'étaient alors rassemblés. Thésée le Pitthéide était venu, Aithôn était venu, Ancaios était venu avec sa grande hache à double tranchant, les fils de Léda et de Zeus roi étaient venus (...)

Source de la traduction

traduction É. Prioux

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Voir ID 252619.

Après les tatouages représentant la mort d'Eurytion (sur le dos de l'ennemi du locuteur) et le supplice de Tantale (sur son crâne) est ici envisagé un troisième tatouage sur le front du personnage maudit par le locuteur: le sanglier de Calydon ravageant l'Étolie. La fin de cette troisième scène ne nous est pas parvenue.

Le sanglier frappe ici les semailles et les vignes, ce qui rappelle qu'Œnée a omis d'offrir les prémices de la récolte à Artémis.

Les défenses du sanglier étaient célèbres pour avoir fait partie de la part de la dépouille offerte par Méléagre à Atalante; à l'époque hellénistique, elles passaient pour être conservées dans le temple d'Athéna Aléa à Tégée en Arcadie.

Pitthée, père d'Aithra, est le grand-père de Thésée et se charge de son éducation.

Les fils de Léda et de Zeus sont les Dioscures, d'où l'emploi du terme κοῦρ̣οι qui constitue un rappel de leur nom.

Un Aithon n'est pas attesté par ailleurs parmi les héros qui prirent part à la chasse. Peut-être s'agit-il du deuxième fils de Deucalion (le fils de Minos) dont Ulysse emprunte l'identité au chant XIX de l'Odyssée pour se présenter comme le frère cadet d'Idoménée. Deucalion fait en effet partie des héros qui prirent part à la chasse de Calydon d'après Hygin (Fables, 172-174).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

Nous suivons le texte de l'édition Lightfoot (Hellenistic collection), p. 180-182: Hermesianax (?), Dubie tributa, fr. 13, col. 2, 14-24).

Indexation

Ethnique(s):

Étoliens

Commentaire iconographique 1

Commentaire

La chasse de Calydon est entrée dans le répertoire des céramistes grecs dès le VIe s. av. J.-C. et a ensuite été figurée sur toutes sortes de supports jusqu’à la fin de l’Antiquité. Méléagre y est invariablement figuré comme le protagoniste principal, celui qui, armé d’un épais javelot, porte au sanglier le coup fatal. Parmi les autres chasseurs, les commentateurs ont souvent identifié à Ancaios celui qui se distingue par sa double hache et/ou par ses blessures. Le héros tégéate n’est formellement identifié par une inscription que sur quelques vases à figures noires qui le montrent invariablement blessé (mais sans hache) : voir LIMC VI s.v. « Meleagros » 9. 13. 14. L’identification d’Ancaios dans d’autres images de la chasse de Calydon se fonde sur ces documents où il est nommé, mais aussi sur la description par Pausanias (8, 45, 5-7) des sculptures qui ornaient le fronton Est du temple de Tégée. Sculptée par Scopas vers le milieu du IVe s. av. J.-C., cette chasse de Calydon est aujourd’hui réduite à l’état de fragments. Pausanias en nomme tous les protagonistes, parmi lesquels Ancaios, « qui porte déjà des blessures et qui a lâché sa hache ». Hache et blessure étaient donc, du temps de Pausanias, les critères qui permettaient d’identifier le personnage. Il est intéressant de voir, à la lumière du fragment ici commenté, que déjà à l'époque hellénistique la hache caractérisait Ancaios. Ce trait est d'ailleurs confirmé par un passage des Argonautiques d'Apollonios : voir ID 30502 avec les commentaires iconographiques n° 2 et 3.

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°252621 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252621/. Première version : 04/11/12. Date de mise à jour : 08/11/12

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