> Extrait

Anonyme, Élégie du tatouage, 2, 4-13.

<< < / > >>

Sources

P. Brux. inv. E. 8934 + P. Sorb. Inv. 2254

Texte (version originale)

στίξω δ' ἐν κο̣ρυφῆι σε μέγαν καὶ ἀναιδέ̣α λ̣ᾶ̣αν̣,

   ὅς τε καὶ εἰν Ἀΐδ̣εω κρατὸς ὐπερκρέμαται

Ταντάλωι ἀξυνέτου γλώσσης χάριν · ἦ μ̣έ̣γ' ἐκείνω̣ι̣

   πῆμα καὶ εἰν Ἀΐδεω δώμασιν ἐστρέφετο.

ἦ μὲν δὲ καὶ̣ θεοῖσι̣ν ὁμέστιος ἀθ̣ανάτοισιν,

   ἦεν̣ καὶ Ζηνὸς πα̣ῖς νεφεληγερέος,

καὶ πλούτωι̣ καὶ παισὶ μέγας καὶ τίμιο̣ς α̣ὔ̣τ̣ω̣ς̣.

   ἀλλ' οὐδ' ὣς γλ̣ώσσηι δοὺς χάριν ἀξυνέ̣τ̣ωι̣

ποινὴν ἐξήλ̣υξε · σὺ δ' ἔλπεαι ἐκφεύξε̣σθαι ;

   μήπω τοῦτο̣ [θ]ε̣ο̣ῖς̣ ἁνδάνοι ἀθανάτ̣οι[ς].

Traduction

Je tatouerai sur ton crâne la grande pierre inexorable qui, même dans l'Hadès, est suspendue au dessus la tête de Tantale à cause de ses sottes paroles ; c'est, assurément, un grand fléau qui l'attendait jusque dans les demeures d'Hadès. Il partageait en effet la demeure des dieux immortels et était le fils de Zeus, l'assembleur de nuées ; grand par sa fortune et par ses enfants, il était aussi honoré pour ces mêmes raisons, mais pas au point d'échapper au châtiment qui l'attendait après qu'il eut laissé libre cours à ses sottes paroles. Mais toi, tu espères t'échapper ? Puisse une telle issue ne jamais agréer aux dieux immortels !

Source de la traduction

traduction É. Prioux

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Voir le commentaire à ID 252619.

Ce passage introduit, après l'image de la mort d'Eurytion et avant l'image du sanglier de Calydon, un deuxième exemple de châtiment: celui de Tantale, que le locuteur souhaite ici représenter sur le crâne de son ennemi. L'image du rocher de Tantale, ainsi située sur le haut de la tête du personnage que le locuteur maudit, reproduirait, par son emplacement même, la situation du supplice infernal puisque le rocher était suspendu au-dessus de la tête de Tantale.

Tantale, dont le locuteur souligne la richesse et l'exceptionnelle position avant sa chute (il était même admis dans l'Olympe), est ici apparemment puni pour les propos insolents qu'il a tenus.

Le fragment fait toutefois également allusion aux enfants de Tantale, dont les plus connus sont Niobé et Pélops. Or, c'est précisément au destin de Pélops qu'est liée la cause la plus évidente du châtiment de Tantale, puisque ce dernier osa servir son propre fils aux dieux lors d'un festin.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

Nous suivons le texte de l'édition Lightfoot (Hellenistic collection), p. 180-182: Hermesianax (?), Dubie tributa, fr. 13, col. 2, 4-13).

Indexation

Personnages(s):

Tantale; Tantalides; Hadès; Zeus

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Il est intéressant de constater que ce fragment fait la part belle à celui des trois châtiments traditionnellement attribués à Tantale qui, à première vue, semble avoir le moins retenu l’attention des imagiers. Cette dernière remarque doit toutefois être nuancée. La plupart des illustrations qui nous sont conservées montrent Tantale essayant vainement de s’abreuver à un cours d’eau, châtiment auquel est parfois associé celui de la branche chargée de fruits qu’il ne peut atteindre (LIMC VII s.v. « Tantalos » 11   -18). Or, ces images d’où le motif de la pierre est totalement absent sont toutes datées de l’époque romaine. La situation est sensiblement différente dans l’art grec, pour autant que nous puissions en juger à partir de deux œuvres seulement. La première est la représentation des Enfers peinte par Polygnote vers 460 av. J.-C. pour la Leschè des Cnidiens à Delphes ; non conservée, cette peinture a été décrite par Pausanias : le Périégète précise (10, 31, 12) que Tantale y est figuré endurant les supplices décrits par Homère (dans l’Odyssée 11, 582-592, Tantale se tient dans une eau dont il ne peut boire et sous un arbre dont il ne peut attraper les fruits), auxquels s’ajoute la frayeur provoquée par une pierre suspendue au-dessus de lui. L’unique image grecque de Tantale aux Enfers qui nous soit parvenue apparaît sur le cratère à volutes apulien éponyme du Peintre des Enfers (vers 320 av. J.-C.) découvert à Canosa et conservé à Munich : http://www.limc-france.fr/objet/14819. Parmi les personnages qui peuplent les Enfers, Tantale est figuré en costume de roi oriental et muni de son sceptre, agitant le bras gauche et essayant de fuir à la vue d’un énorme rocher suspendu au-dessus de sa tête. Le peintre a donc mis l’accent sur le contraste entre l’opulence du roi et le terrible châtiment auquel il est condamné : c’est bien ce même contraste qu’entend exprimer le locuteur du fragment. Le motif qu'il choisit pour ce tatouage nous incite à penser que le supplice de la pierre était sans doute plus répandu dans l'art grec que ce que laissent soupçonner les rares images de Tantale qui nous sont parvenues.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14819

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°252620 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252620/. Première version : 04/11/12. Date de mise à jour : 08/11/12

Mentions légales | Colophon | Contacts | Haut de page