> Extrait

Callimaque, Hymne à Artémis, 259-268 Pfeiffer.

<< < / > >>

Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

πότνια Μουνιχίη λιμενοσκόπε, χαῖρε, Φεραίη.

μή τις ἀτιμήσῃ τὴν Ἄρτεμιν (οὐδὲ γὰρ Οἰνεῖ

βωμὸν ἀτιμάσσαντι καλοὶ πόλιν ἦλθον ἀγῶνες),

μηδ´ ἐλαφηβολίην μηδ´ εὐστοχίην ἐριδαίνειν

(οὐδὲ γὰρ Ἀτρεΐδης ὀλίγῳ ἐπὶ κόμπασε μισθῷ),

μηδέ τινα μνᾶσθαι τὴν παρθένον (οὐδὲ γὰρ Ὦτος,

οὐδὲ μὲν Ὠαρίων ἀγαθὸν γάμον ἐμνήστευσαν),

μηδὲ χορὸν φεύγειν ἐνιαύσιον (οὐδὲ γὰρ Ἱππώ

ἀκλαυτὶ περὶ βωμὸν ἀπείπατο κυκλώσασθαι)·

χαῖρε μέγα, κρείουσα, καὶ εὐάντησον ἀοιδῇ.

Traduction

Souveraine, déesse de Mounichia, gardienne des ports, salut, déesse de Phères. Que personne ne manque de respect à Artémis, car ce sont des combats sans beauté qui assaillirent la cité d'Œnée qui avait manqué de respect à son autel. Que personne ne la défie dans l'art de prendre un cerf ou de bien viser à l'arc, car le prix que l'Atride paya pour sa vantardise ne fut pas léger. Que personne ne recherche les faveurs de la vierge – car l'union recherchée par Ôtos et par Orion ne fut pas heureuse. Que personne ne fuie ses chœurs annuels – car ce n'est pas sans larmes qu'Hippô refusa de faire la ronde autour de son autel. Nous te saluons grandement, noble dame; accueille notre chant avec faveur!

Source de la traduction

traduction É. Prioux

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Il est dangereux de manquer de respect à Artémis. Mounichia était un port d'Athènes où Artémis recevait un culte et avait un temple célèbre. Phères, en Thessalie abritait également un temple d'Artémis : celle-ci y était identifiée à Hécate.

C'est parce qu'Œnée, roi de Calydon, avait manqué d'offrir les prémices de la récolte à Artémis que celle-ci envoya le sanglier monstrueux ravager son pays. Une chasse célèbre (cf. vv. 218 ss.) fut organisée par Méléagre, le fils d'Œnée, qui perdit à la vie au cours de la guerre qui suivit cette chasse. Le mythe de Méléagre (mais non sa fin) et la guerre des Étoliens de Calydon contre les Curètes au sujet des dépouilles du sanglier sont contés par Phénix au chant IX de l'Iliade.

Le défi d'Agamemnon (l'Atride) à Artémis provoqua l'absence de vents qui bloqua la flotte grecque à Aulis et le sacrifice d'Iphigénie (cf. Sophocle, Électre 566 ss.).

Ôtos et Orion, tous deux chasseurs, furent tués par les flèches d'Artémis pour avoir tenter de lui faire violence.

Une Hippô, Amazone qui institua la danse en l'honneur d'Artémis, est mentionnée plus haut, au v. 239 (= ID 252375). Si c'est d'elle qu'il s'agit dans le présent passage, Callimaque se réfère à une tradition qui nous est, par ailleurs, entièrement inconnue. On peut toutefois penser qu'il s'agit ici d'une autre Hippô : Callimaque, Fragments de provenance incertaine, 569 Pf. évoque en effet le destin de Mélanippè (parfois nommée Hippè), qui, jeune fille, se consacrait à la chasse et qui, suivant certaines versions, aurait été transformée par les dieux en jument et placée parmi les astres après la naissance de ses jumeaux. D'après le fr. 569 Pf, la version retenue par Callimaque voulait qu'Hippè/Mélanippè ait été métamorphosée par Artémis pour la punir d'avoir cessé de chasser et de l'honorer.

Rédacteur du commentaire

N. Le Meur et É. Prioux

Indexation

Toponyme(s):

Mounichia; Phères

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Pour la danse rituelle exécutée par Hippô, voir le commentaire iconographique à l'ID 252375.

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Commentaire iconographique 2

Commentaire

Artémis était l'une des divinités protectrices des ports et des marins (elle est "gardienne des vaisseaux" chez Apoll. Rhod. I, 569-572). Des tétroboles monnaies d'Histiaea en Eubée (315-146 av. J.-C. LIMC, s. v. "Artemis" n° 725) et des drachmes de Magnètes en Thessalie (197-146 av. J.-C. LIMC, s. v. "Artemis" n° 726) portent au revers la déesse sur une proue de navire.

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 3

Commentaire

Le culte d'Artémis à Mounichia était lié à celui qu'elle recevait à Halai Araphénidès et à Brauron. Elle était honorée comme une déesse protectrice de l'enfance, des jeunes gens et des jeunes femmes. Des cratérisques semblables à ceux de Brauron ont été retrouvés à Mounichia (voir L. Palaiokrassa, Τό ἱερό τῆς Ἀρτéμιδος Μουνιχίας , 1991 ; J. Mejer, "Artemis in Athens" p. 66, et I. Nielsen, "The Sanctuary of Artemis Brauronia. Can Architecture and Iconography Help to Locate the Settings of the Rituals?", p. 83, 86, 110, in T. Fischer-Hansen and B. Poulsen (ed.), From Artemis to Diana. The Goddess of Man and Beast. Acta Hyperborea 12, (2009) ; G. P. Viscardi, "Artemide Munichia : aspetti e funzioni mitico-rituali della dea del Pireo", Dialogues d'Histoire Ancienne 36/2, 2010, p. 31-60; ThesCRA V 2b. cult Instruments p. 256, n° 667-668). A Mounichia, Artémis recevait l'offrande de l'amphiphon, pâtisserie décorée de petites torches, peut-être figurée sur un skyphos attique de Laon (Mus. 37.1072 ; 370-360 av. J.-C., LIMC, s. v. "Hekate" n° 47; ThesCRA V 2b. cult Instruments p. 374 n° 1392).

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/12511

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 4

Commentaire

La déesse de Phères était Enodia, parfois assimilée à Artémis ou à Hécate (cf. LIMC, s. v. "Artemis" p. 687-689 ; "Enodia" p. 743-744 ; I. Georganas "Between Admetus and Jason : Pherai in the Early Iron Age", in Dioskouroi. Studies presented to W. G. Cavanagh and C. B. Mee on the anniversary of their 30-year joint contribution to Aegean archaeology (C. Gallou, M. Georgiadis, G. M. Muskett, éd.) 2008, p. 278-279; G. P. Viscardi, "Artemide Munichia : aspetti e funzioni mitico-rituali della dea del Pireo", Dialogues d'Histoire Ancienne 36/2, 2010, p. 51-53). Une Artémis Phéraia était adorée à Athènes, Sicyone et Argos et nous savons par Pausanias que, dans ces deux dernières villes, sa statue de culte était censée venir de Phères en Thessalie (Paus. II 10, 7 et 23, 5). On pourrait reconnaître une reproduction de cette statue au revers de monnaies de Sicyone (Géta, 209-211 ap. J.-C., "Artemis" n°891) : la déesse y porte deux torches, l'un de ses attributs principaux. Les monnaies de Phères portent au droit une tête de la déesse, couronnée de feuillage, et souvent, au revers, la déesse à cheval (LIMC, s. v. "Artemis" n° 888-890 ; "Enodia" n° 1-2).

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 5

Commentaire

Parce qu'il avait oublié de lui offrir les prémices auxquelles elle avait droit, Artémis a châtié Oineus en envoyant un sanglier monstrueux ravager la région de Calydon. L'une des conséquences de ce fléau sera la mort de l'un de ses fils, Méléagre. L'art grec a laissé peu de place à Oineus dans les représentations liées à la chasse au sanglier de Calydon, seule une amphore apulienne montre Oineus assistant à la mort de Méléagre (voir le commentaire à Callythea n° 938). Quelques oeuvres romaines, parmi lesquelles un sarcophage romain aujourd'hui perdu, représentent Méléagre debout, le cadavre du sanglier à ses pieds, près d'une statue d'Artémis, symbole de la faute d'Oineus (LIMC, s. v. "Meleagros" ad n° 75 = Artemis/Diana n° 351 ; voir aussi une calcédoine, Vienne, Kunsthist. Mus. IX 1919, Ier s. ap. J.-C., LIMC, s. v. "Meleagros" n° 79).

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14765

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°252376 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252376/. Première version : 04/09/12. Date de mise à jour : 31/10/12

Mentions légales | Colophon | Contacts | Haut de page