> Extrait

Théocrite, Idylle 22, 34-53 Gow.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

Κάστωρ δ᾿ αἰολόπωλος ὅ τ᾿ οἰνωπὸς Πολυδεύκης

ἄμφω ἐρημάζεσκον ἀποπλαγχθέντες ἑταίρων,

παντοίην ἐν ὄρει θηεύμενοι ἄγριον ὕλην.

εὗρον δ᾿ ἀέναον κρήνην ὑπὸ λισσάδι πέτρῃ,

ὕδατι πεπληθυῖαν ἀκηράτῳ· αἱ δ᾿ ὑπένερθε

λάλλαι κρυστάλλῳ ἠδ᾿ ἀργύρῳ ἰνδάλλοντο

ἐκ βυθοῦ· ὑψηλαὶ δὲ πεφύκεσαν ἀγχόθι πεῦκαι

λεῦκαί τε πλάτανοί τε καὶ ἀκρόκομοι κυπάρισσοι

ἄνθεά τ᾿ εὐώδη, λασίαις φίλα ἔργα μελίσσαις,

ὅσσ᾿ ἔαρος λήγοντος ἐπιβρύει ἂν λειμῶνας.

ἔνθα δ᾿ ἀνὴρ ὑπέροπλος ἐνήμενος ἐνδιάασκε,

δεινὸς ἰδεῖν, σκληρῇσι τεθλασμένος οὔατα πυγμαῖς·

στήθεα δ᾿ ἐσφαίρωτο πελώρια καὶ πλατὺ νῶτον

σαρκὶ σιδηρείῃ, σφυρήλατος οἷα κολοσσός·

ἐν δὲ μύες στερεοῖσι βραχίοσιν ἄκρον ὑπ᾿ ὦμον

ἕστασαν ἠύτε πέτροι ὀλοίτροχοι οὕστε κυλίνδων

χειμάρρους ποταμὸς μεγάλαις περιέξεσε δίναις·

αὐτὰρ ὑπὲρ νώτοιο καὶ αὐχένος ᾐωρεῖτο

ἄκρων δέρμα λέοντος ἀφημμένον ἐκ ποδεώνων.

τὸν πρότερος προσέειπεν ἀεθλοφόρος Πολυδεύκης.

Traduction

Mais Castor au coursier rapide et Pollux au teint brun erraient tous deux, seuls, loin de leurs compagnons et contemplaient dans la montagne une forêt sauvage composée d'arbres de toutes sortes. Ils trouvèrent au pied d'une pierre lisse une source qui coule toujours, pleine d'eau pure; les petits cailloux sur son fond brillaient d'en-dessous comme du cristal et de l'argent; des pins élevés avaient poussé tout près, des platanes blancs, des cyprès à la cime feuillue, toutes les fleurs parfumées qui à la fin du printemps foisonnent dans les prés, travail apprécié des abeilles velues. Là, à découvert, se tenait un homme arrogant, terrible à voir, aux oreilles broyées par de violents coups de poing; sa poitrine monstrueuse et son large dos étaient entourés d'une chair de fer, comme un colosse travaillé au marteau. Sous la pointe de l'épaule, les muscles de ses bras solides roulaient, comme des galets roulants que le torrent a polis dans ses puissants tourbillons; une peau de lion attachée par le bout de ses pattes couvrait son dos et sa nuque. Pollux, athlète vainqueur, lui adressa en premier la parole.

Source de la traduction

traduction A. Kolde

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Dans une forêt sauvage, Castor et Pollux rencontrent le Bébryce Amycos. Théocrite nous livre ensuite la description d'Amycos, lutteur puissant à l'aspect terrifiant.

L'expression σφυρήλατος κολοσσός fait songer à la célèbre offrande de Kypsélos à Olympie: un Zeus en or martelé dont l'inscription disait «εἰμὶ ἐγὼ χρυσοῦς σφυρήλατος, εἰμὶ κολοσσός, / ἐξώλης εἴη Κυψελιδῶν γενεά.» Cette statue célèbre est plusieurs fois citée dans les sources littéraires (voir par exemple Platon, Phèdre, 236b).

Théocrite compose ici deux paysages: celui de la forêt où évoluent les Dioscures et celui, métaphorique, qui permet de décrire la musculature d'Amycos et qui est imité de la comparaison homérique entre Hector et une roche entraînée dans le flot d'un torrent (Iliade, XIII, 136-146): sur la manière dont le paysage de la comparaison épique est ici enchâssé dans un locus amoenus adapté à la bucolique (ce qui constitue peut-être une image programmatique de l'adaptation alexandrine de l'épopée que pratique ici Théocrite), voir par exemple les remarques éclairantes de P. Galand-Hallyn, Le Reflet des fleurs, Genève, 1994, p. 132.

Rédacteur du commentaire

A. Kolde et É. Prioux

Indexation

Personnages(s):

Castor; Pollux; Amycos

Mot(s)-clé(s) :

description; lutteur

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Ph. Williams ("Amykos and the Dioskouroi", AJA 49, 1945, p. 330-347) a supposé qu'une statue de pugiliste trouvée aux Thermes de Constantin à Rome (Rome, Mus. Naz. Rom. 1055 ; époque hellénistique ou Ier s. av. J.-C.) pouvait représenter Amycos et qu'elle aurait formé un groupe avec deux statues d'hommes debout, trouvées au même endroit, en lesquels on reconnaît les Dioscures. Cette identification doit être rejetée (voir le commentaire iconographique à Callythea n° 30546), cependant l'aspect brutal du visage marqué par les coups (les plaies ont été incrustées de cuivre) et les muscles saillants du personnage lui donnent la physionomie d'un redoutable pugiliste.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14696

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 2

Commentaire

Bien que Castor ne soit pas évoqué en train de puiser de l'eau à la fontaine, E. Babelon ("Intailles Antiques de la Collection de Luynes", AJA 2.3, 1886, p. 291 n°7) a rapproché de cet épisode des Dioscures aux pays des Bébryces une scène, gravée sur une cornaline étrusque conservé au Cabinet des médailles de la BnF (inv. Luynes.267), qui montre CASTOR (identifié par une inscription) puisant de l'eau à une fontaine.

Objet(s) et image(s)

ttp://www.limc-france.fr/objet/15791

Auteur du commentaire iconographique

A.-V. Szabados

Comment citer cette notice

Texte n°252275 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252275/. Première version : 08/06/12. Date de mise à jour : 18/03/16

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