αὖθις γὰρ ὕβριν τὴν βαρεῖαν ἁρπαγῆς

Κουρῆτες ἀντίποινον Ἰδαῖοι κάπροι

ζητοῦντες αἰχμάλωτον ἤμπρευσαν πόριν

ἐν ταυρομόρφῳ τράμπιδος τυπώματι

Σαραπτίαν Δικταῖον εἰς ἀνάκτορον

δάμαρτα Κρήτης Ἀστέρῳ στρατηλάτῃ.

Car ensuite les Courètes, les sangliers idaïens, cherchant à se venger de l'outrage accablant de cet enlèvement, traînèrent la génisse, prise par le fer, la Saraptienne, au sanctuaire dictaïen, sous l'enveloppe d'un boutre en forme de taureau, pour y être l'épouse d'Astéros, le général de la Crète.

À l'enlèvement d'Io - première manifestation du conflit séculaire entre Europe et Asie - succède la première des nombreuses réponses violentes de l'Europe: le rapt d'Europe, princesse phénicienne descendant d'Europe, par des Crétois qui sont ici les Courètes.

Encore une fois, Lycophron suit la préface d'Hérodote pour exposer les origines mythiques du conflit entre Europe et Occident et adopte une version rationalisante du mythe qui montre une Europe enlevée sur un navire en forme de taureau.

L'originalité de la version développée ici par Lycophron tient en outre au fait que le rapt est ici l'œuvre des Courètes et non de Zeus (Hérodote évoquait une tradition qui attribuait ce rapt à des marins grecs, peut-être crétois).

Astérios ou Astérion (que Lycophron nomme pour sa part Astéros) est un roi crétois, fils de Tectamos ou de Doros (l'éponyme des Doriens) et d'une fille de Crètheus. Il aurait épousé Europe et élevé les enfants nés de son union avec Zeus. C. von Holzinger et E. Ciaceri supposent toutefois que la légende de l'enlèvement d'Europe aurait initialement attribué ce rapt à Zeus Astérios, ce qui aurait ensuite conduit à introduire un roi crétois de nom proche dans le mythe.

Le Ps.-Apollodore cite une version d'Asclépiade de Tragilos (Bibliothèque, III, 1, 2) qui fait d'Astérion le père de Crètè qui aurait ensuite épousé Minos, fils d'Europe et de Zeus.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux